David Lean réalise ici un film complexe et ambigüe... Complexe par sa vision de la guerre, très spéciale, et ambigüe par sa vision des personnages, superbement incarnés par Alec Guiness, William Holden, Sessue Hayakawa, Jack Hawkins... Tous ces personnages sont dépassés par les évènements et complètement à côté de la plaque en ce qui concerne la guerre, l'héroïsme, et les règles en tout genre... Des prisonniers de guerre Anglais qui sont commandés par un colonel (Alec Guiness) qui a une vision très étrange de sa fonction et qui n'hésite pas à mettre en danger tous ses hommes seulement pour faire part de son pseudo-héroïsme... Donc, ces prisonniers reçoivent l'ordre, de la part du commandant Japonais du camp où ils se trouvent, de construire un pont... Mais cet ordre est bouleversé par le colonel, qui refuse que ses officiers et lui-même mettent la main à la pâte !!! En raison d'une convention qui interdit que des officiers travaillent au même titre que de simples soldats... Et cela ne plaît pas au commandant Japonais, qui décide d'enfermer cette énergumène et ses officiers ! Jusqu'à ce qu'il cède et qu'il accepte les conditions de l'Anglais... Ce dernier se met dans la tête de faire du pont un chef d'oeuvre et met tout son coeur et sa joie de vivre dans la création de ce pont... Alors, il ne faut pas l'oublier, qu'il est prisonnier de guerre ! Et, le pire, c'est que le commandant Japonais, dépassé par les évènements, ne décide plus de rien, et reste impuissant face à ses Anglais qui ne se rendent pas compte qu'ils trahissent leur patrie. David Lean oppose donc ces Anglais menés par un chef qui devient fou à cause de cette obsession de réussir ce pont en temps et en heure et qui plus est, de faire un beau boulot ; les opposants, ce sont des Américains, tout-aussi déboussolés qui souhaitent... Détruire le pont !!! David Lean réussit un film d'aventure unique, certes dépourvu d'action, mais qui ne laisse pas l'ennuie venir à vous...Un film au suspense parfois très fort et la mise en scène quasi-parfaite ! Le final est formidable et tragique. Le regard complexe, cherche sûrement à montrer la folie de la guerre et la folie des hommes qui l'ont pratiqué ! La dernière réplique du film : "Madness, madness" (en V.O) et "Quelle folie, quelle folie" (en V.F) le montre particulièrement !!! Du très grand art !