« C’était la première fois que je faisais un film en décidant une fois pour toutes que je n’allais pas expliquer les choses. J’allais juste essayer d’avoir de bonnes scènes. »
Howard Hawks a pondu une intrigue consciemment confuse ! Peu lui importait le scénario, l’essentiel c’était de pondre de « bonnes scènes ».
Pensait-il que seules « de bonne scènes » suffiraient à duper les spectateurs ?
Les « bonnes scènes » seraient-elles la pilule à avaler pour excuser un récit abscons ?!
La première fois que j’ai entendu cet adjectif « abscons » c’était pour « Le Grand Sommeil » !
C’était à Paris, dans ma jeunesse, le film ressortait dans une salle « Action » avec cet adjectif « abscons ».
En rentrant dans ma chambre de bonne, je me ruais sur mon dictionnaire pour comprendre ce mot à défaut de comprendre le film.
En comprenant ce mot, j’ai compris le film !
C’est vrai que ce n’est pas toujours grave de ne pas comprendre.
Je cite souvent Peter Greenaway dont les films sont d’un esthétisme hypnotisant ! C’est tellement beau en terme de photos, de plans, que j'oublie l’histoire racontée ! Souvent trop cérébrale !
J’oublie de ne pas avoir compris !
Combien je comprends Howard Hawks !
Cela dit, en le revoyant, au bout du compte, « The Big Sleep » n’est pas si abscons que cela.
Quand je lis ici ou là que le film souffre de beaucoup de personnages qui alimentent l’intrigue, il ne faut pas trop exagérer, « Le Grand Sommeil » n’est pas un peplum !
Au-delà du couple mythique Humphrey Bogart - Lauren Bacall, c’est la qualité des dialogues qui m’a le plus conquis.
Je ne me souvenais plus du tout que le film d’Howard Hawks était truffés d’allusions coquines !
A mon sens, ce sont les dialogues qui donnent du rythme à un scénario consciemment confus.
Il est à remarquer également : non seulement Marlowe s’amuse avec les femmes, mais les femmes s’amusent aussi avec lui et je dirais même plus, ce sont les femmes qui tirent les premières !
Je pense évidemment à la scène d’introduction avec Carmen Sternwood (Martha Vickers) et aussi avec la chauffeuse de taxi qui n’est pas en reste en terme d’allusions coquines. Quant à la scène avec la jeune libraire, elle est savoureuse. De l’aveu même d’Howard Hawks, cette scène n’avait aucune utilité, il était séduit par la beauté de Dorothy Malone.
C’est dire le sérieux de ce « Grand Sommeil » !
Par moment la mise en scène a légitimement pris un coup de vieux, il y a quelques situations qui paraissent naïves mais le film préserve de nombreux plans esthétiques grâce à ce beau noir & blanc.
Pour résumer : l’intrigue du film « Le Grand Sommeil » n’a pas d’importance, c’est juste un jeu de séduction entre Philip Marlowe et les femmes… dont une particulièrement nommée Vivian Sternwood sous le look élégant et éternel de Lauren Bacall.