Sur les traces de «To have and have not», Humphrey Bogart et Lauren Baccal se retrouvent sous l’égide d’Howard Hawks dans «The Big Sleep» (USA, 1946). Outre le presence à l’écran du couple star, que la mythification d’Hollywood s’est chargée de couronner d'un aurore glamour, Hawks retrace le parcours d’un detective privé dans une affaire don’t il ne réussit pas à se défaire, même une fois qu’elle est officiellement close. Dans les rhizomes de l'enquête policière, qui risque de perdre le spectateur inattentif aux rebondissements, une idylle se lie entre le personnage mystérieux du détective (Bogart) et une curieuse femme plantureuse (Baccal). Au-delà de ce film noir, transaparaît l'amour difficile des deux êtres. Dans une moindre mesure que dans «To have and have not», «The Big Sleep» érige une relation moins perturbée par des discordes et davantage pétrie par le mystère et le double jeu. Le double jeu est justement tout le moteur qui régit la machine du film, et par ce biais, le cinéma entier d'Hawks. Le double jeu est celui auquel se livre l'identité du film. Cinéma d'action où des hommes armés en viennent aux mains pour s'entretuer, Hawks n'en fait pas moins appel aux dialogues, aux échanges cordiaux ou sous forme de dispute. L'action, par intermittence se confond avec les scènes plus intimes, sans qu'il n'y ait hétérogénéité. La réussite d'Hawks est, une fois n'est pas coutume de le dire, de cautériser la plaie du double jeu, de la dialectique qu'implique le phénomène du montage. Rohmer écrivait qu'on ne pouvait pas aimer le cinéma sans aimer Hawks. Si un tel propos a quelque chose d'irrévocable et d'affreusement absolu, l'énoncé a sa vérité. Hawks saisit les fonctionnements du cinéma, sa nécessaire abstraction, sa belle fluidité. «The Big Sleep» est un nouvel exemple de la mise en scène hawksienne. Or a contrario de la limpidité narrative de «Rio Bravo», l'adaptation de Faulkner, entre autre, du roman de R. Chandler omet de clarifier les rudesses du récit.