Neil Blomkamp...c'est dans le parfait désordre que j'ai découvert la filmographie de ce réalisateur en ascendant.
C'est tout d'abord avec "Chappie" que j'ai fait connaissance avec le "Neil Style" en 2015, le film avait été une très bonne surprise. J'avais beaucoup aimé Chappie avec Dave Patel ("Slumdog Millionnaire", "Le Dernier Maître de l'Air" ...), Hugh Jackman ("X-Men", "Wolverine", "Le Prestige") et le groupe de Hip-Hop électro Die Antwoord, pour sa façon d'abordé avec beaucoup d'émotion, le développement d'une l'Intelligence Artificielle innocente et naïve, dans les milieux pauvres Sud-Africains régit par la racaille et la délinquance, conditionnant un robot doté de sentiments à prendre les armes afin de commettre crimes et délits.
J'ai par la suite découvert le deuxième film de Neil, "Elysium", film de SF post-apocalyptique porté par Matt Damon avec de vagues airs de Wall-e des studios Pixar...qui fut pour moi un film bien décevant, terriblement creux et plat.
Puis, l'autre jour, après des mois qu'il traîne dans mes listes de films à voir, j'ai enfin tester le fameux "District 9" sorti en 2009, à la bonne réputation critique.
"District 9", premier film de Neil Blomkamp, adaptation en long métrage du court métrage "Alive in Joburg" (2006) du même réalisateur et produit par le grand Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux, King Kong...), nous raconte l'histoire d'un peuple extraterrestre, marginalisés dans des ghetto en Afrique du Sud.
Il y a 28 ans avant cela, un vaisseau alien a fait son apparition dans le ciel au dessus de la ville de Johannesburg, mais les occupants de la soucoupe volante, affaiblit, ne semblent pas (?) animés d'intentions hostiles envers les humains. Aussi, les humains,néanmoins méfiant et désireux d'éviter toute tension avec ces "hommes-crevettes", décidèrent de marginaliser la population alien dans un gigantesque bidonville baptisé le "District 9", dont les activités sont attentivement contrôlés par l'unité du MNU des forces du gouvernement.
Un jour, lors d'une visite de contrôle dans les quartiers pauvres, l'agent pacifiste Wikus Van de Merwe, découvre un étrange produit dans l'une des habitations. Confisquant immédiatement l'objet suspect, Wikus s'asperge par inadvertance sont contenu gazeux sur le visage. A peine quelques heures plu tard, l'homme se rend compte des effets sur son corps...commençant à se métamorphoser en alien. Mais cela ne s'arrête pas là, très vite, Wikus se rend non seulement compte qu'il acquière une apparence physique extraterrestre...mais qu'il a aussi la capacité le manipuler l'armement de haute technologie alien ! Voyant en la victime une possibilité de déchiffrer les armes de ces "crevettes humanoïdes" qui pourrait permettre l'asservissement du peuple Martien, le MNU ne tarde pas à envoyer toutes ses forces militaires aux trousses de Van de Merwe.
N'ayant nul part ou se cacher, l'homme le plus recherché du monde tente alors le tout pour le tout en se réfugiant dans le District 9... .
Mais Wikus est il réellement en sécurité dans ce bidonville ? Quelles sont les véritables intentions du MNU ? Dans quel but les Alien sont ils venu sur Terre ? L'Humain est l'Alien ne peuvent ils définitivement pas vivre en harmonie dans une même société ? Et si l'Alien, au coeur de toute cette violence, n'était pas le véritable ennemi ?
Voilà pour le pitch global.
Verdict : Alors j'ai visionné "District 9" sans trop être au courant ni du synopsis ni de la bonne réputation du film, juste pour le nom de Neil Blomkamp...et je n'aurais jamais imaginé tomber sur un tel matériau !! "District 9" est un *bip de censure* d'OVNI !!! Mais Waouw quelle mine d'or !!
Peter Jackson a vraiment eu raison de produire le film car la qualité est LA !
Tel un véritable trésor des bidonvilles, Neil Blomkamp nous invite ici non pas à un film de Science fiction parmi tant d'autres dans la masse mais à une vraie expérience cinématographique !!
Enfin, CA c'est de la SF originale, sans doute l'oeuvre de Science Fiction la plus originale depuis les vingts dernières années, intelligente novatrice et BADASSE avec non seulement de l'action et des effets spéciaux mais aussi du sang, des larmes et surtout un sous texte bourré de réflexivité et de thématiques sur des moralités profondes et justes qui ne peut laisser indifférent à l'arrivée !!
Quand la science fiction poétique et mélancolique de Steven Spielberg, "E.T"/"Rencontres du troisième type" se mélange à la science fiction d'action de James Cameron en ajoutant quelques airs de "La Planète des Singes", ça donne "District 9" !
Avec D-9, Neil Blomkamp nous montre les Alien sous un tout nouvel angle encore jamais tester, en diluant la rencontre Humain/Alien dans une grande critique la pauvreté et de l'Immigration.
Le film met la SF au service de problématiques humanitaires en dénonçant la pauvreté en Afrique et les conditions de vies miséreuses dans les ghetto.
Ainsi, District 9 aborde avec un intérêt engagé de la part de son réalisateur (Neil étant originaire de cette même ville de Johannesburg) des problématique telle que la surpopulation, la famine et la délinquance favorisée dans les milieux pauvres, elles mêmes reliées à une grande critique du Racisme et de la Xénophobie qui a vraiment un impact sur le spectateur (les "Monstres" ayant toujours reflétés une peur de "l'autre", "l'étranger", les craintes d'un peuple vis à vis d'un autre dans la société comme ce fut le cas des Dracula, King Kong ect).
Le scénario de District 9 est excellent, intelligent, épique, extrêmement saisissant et complètement imprévisible, le spectateur, à l'image du protagoniste, est téléporté dans un univers pauvre et violent méconnaissable ou il assiste à la fuite désespérée de ce personnage traqué tel une véritable proie prise au piège. Dans cette traque à la "Terminator" dans l'hostilité des décors Sud Africains proche de l'esthétique visuel d'un "Mad Max". Le fait d'être au plus proche du personnage nous permet d'éprouver en premier lieu une grande pitié, nous partageons son désespoir et sa solitude dans sa dure épreuve ou son enveloppe corporelle et son métabolisme mutent en Alien puis l'on est scotché et impressionné par sa détermination admirable de s'en sortir.
District 9 est un film que l'on peut difficilement classifier en un genre cinématographique précis (ce qui fait que je le caractérise "d'expérience cinématographique").
"District 9" est en fait beaucoup plus un Docu-Fiction qu'un blockbuster de SF Hollywoodien (le film n'a coûté "que" 30 millions de dollars d'ailleurs, ce qui est "faible" pour une prod' du genre). De manière très pertinente, le film prend au dépourvu le spectateur en commençant à la manière d'un documentaire/Journal TV ponctué d'interviews pour introduire le cadre et le concept du film. Le film prend indirectement le spectateur à témoin par le recours à la caméra subjective (pendant les 15-20 premières minutes, nous avons le point de vu de la caméra sur les lieux). En montrant l'action via la caméra intra-diégétique , Neil, très malin, joue sur la superposition des points de vue en additionnant dans les mêmes plans à la fois sont point de vue de réalisateur sur son film, le point de vue du personnage interne au film et aussi le point de vue du spectateur qui regarde le film (du génie !). Du coup, les problématique de l'immigration/Surpopulation/Racisme ect...sont à considérer sous trois angles différents et ça donne mais tellement de richesse au scénario !!!
En adoptant la forme d'un reportage documentaire de journal télévisé au début, Neil arrive pertinemment à poser les thématiques de son univers via une approche très réaliste et ça marche, on y croit ! C'est pour cela que ça permet au film de sonner aussi vrai et de donner de l'impact à l'écho avec ces mêmes problèmes de notre société !
Le film ne s'intéresse volontairement pas aux origines des extra-terrestre ni de leur origines, Neil ne nous présente pas une énième guerre millénaire Martienne à la "Transformers" mais fait le choix pertinent de prendre une route différente : s'intéresser aux difficultés des Alien à s'intégrés dans la société des Hommes...et les difficultés de l'Homme à accepter de partager pacifiquement terre et logements.
Ensuite,
le film prend quand même bien la direction de la fiction avec de l'action mais tout en évitant de tomber dans un délire d'explosions et d'effets spéciaux. Ici, les effets spéciaux sont au service du combat que mène Wikus pour se libéré et se soigner (ainsi que pour venir en aide à un père et son fils "crevette" en danger). Les scènes d'action sont bourrins mais sont correspondent parfaitement à l'état d'acharnement et de lutte désespérée d'un personnage face au mur, blessé et soumit à une pression psychologique de fou ! (on peu se demander tout au long du film si l'état de transformation de Wikus illustre sur le plan physique, une perte d'humanité ou bien si celle ci a lieu sur le plan moral...le personnage étant près à tuer pour se sortir de son pétrin)
Surtout que tout au long du film : ce sont finalement beaucoup plus les hommes que l'on voit armés et violent que les Alien (l'homme serait devenu métaphoriquement un extra-terrestre sur sa propre planète vis à vis des Martiens...ok je vais trop loin o_0).
Ok, je vais m'arrêté là (j'ai déjà pondu une sacrée disserte XD), "District 9" n'est définitivement pas un film de Science Fiction comme des autres !
Entre Spielberg et Cameron, Neil Blomkamp nous livre ici un OVNI insoupçonné de SF à travers lequel, l'Homme et l'Extra-terrestre sont mit au centre d'une critique engagée de la pauvreté dans les bidonvilles d'Afrique du Sud qui laisse vraiment sa marque !
Plus que jamais, et même si "Elisyum" et "Chappie" ne jouent pas dans la même cours en terme de qualité, Neil Blomkamp reste un réalisateur ascendant à suivre de TRES près.
En attendant d'avoir la suite, "District 10" pas encore officialisée mais supposée pour 2020, Blomkamp reprendra le flambeau laissé par Ridley Scott en réalisant le 5ème volet de la saga "Alien" en 2019; et quand on sait que le film préféré du Monsieur est "Alien: le Retour" de J.Cameron (1986), il y a de quoi être confiant !