Neill Blomkamp est un réalisateur sud-afro-canadien qui a été découvert en 2009 à partir d’un petit film qui a rapidement connu une popularité et dont vous avez probablement entendu parler : District 9. La première fois qu’on m’avait parlé de ce film et que j’ai vu des images, j’avoue n’y avoir prêté aucune attention, déjà parce que ça me semblait pas du tout attirant et convaincant à cause du design des aliens, mais aussi parce qu’avec le temps deux sortes de public autour du réalisateur se sont formé : le premier qui adule le metteur en scène et l’apprécient pour son travail au point de le voir comme un visionnaire.
Mais d’autres le considèrent comme étant surestimé et certains n’ont pas peur de le faire savoir. Etant néophyte, je trouvais ces attitudes vraiment disproportionné que ça soit d’un côté ou de l’autre, et comme Chappie est sorti en début d’année je me suis décidé à attaquer sa filmographie avec ses deux premiers films. Et à vrai dire, j’espérais sincèrement me retrouver entre deux camps après ce film car quand on se retrouve à massacrer un film, on finit souvent par tomber sur des avis diamétralement opposé. Seulement là, je suis vraiment navré mais ce n’est pas possible ! Je sais que ce n’est pas le premier film à avoir un succès qu’il ne mérite pas mais, comment un ramassis de cliché et de stupidité scénaristique triplé d’une ambiance lourde et niaise comme rarement a pu rapporter plus de 210 millions de dollars ? Si je dois me taper le même spectacle avec les deux prochains films, j’vais pas tarder à me taper un mal de crâne à force de me facepalmer à plusieurs reprises pendant le visionnage.
Et pourtant, il y a quand même quelques idées à retenir : l’idée de faire dérouler l’intrigue à Johannesburg dans un milieu ensoleillé, sale et dépaysant voire quasiment dystopique a son petit charme et un intérêt. Et j’aime bien
le design des crevettes même si ce n’est pas très originale, malheureusement l’image de synthèse est tellement peu abouti pour ces créatures et si laide que ça enlève toute crédibilité à ces pauvres créatures, et si tu filmes ces extra-terrestres de près c’est encore plus moche à voir tant on sent l’incrustation de CGI.
Et même si ces derniers étaient bien fait, ça ne sauverait pas du tout la réalisation catastrophique de Blomkamp. Je ne suis pas fan du style found-footage/documentaire à la base, même pour des bons films comme Chronicle ou Cloverfield. Quant ça passe en mode interview ça va, mais dés qu’on est sur le terrain ou avec Wikus et que ça film comme un long-métrage, ça devient insupportable à force de trembler sans jamais réussir à se fixer sur un objectif ou prendre une vraie pause à un moment. Et quand les scènes d’actions arrives, c’est le bordel incontrôlé tant la caméra bouge sans cesse et n’arrive jamais à se focaliser sur ce qui se passe, les images s’enchaînent trop vite et le rythme du film rend tout cela encore plus mal finalisé que ça ne l’est déjà,
rien que la scène d’évasion de Wicus est un gros bazar totalement bâclé à force de passer entre le mode caméra found-footage et la caméra normal,
je pourrais en citer d’autres mais je m’éterniserais.
Les cadres sont toujours mal géré, et les transitions sont brutales et souvent sans cohérence. Et la photographie aussi est mal gérée, quand on passe en mode caméra de salle ou interview au mode mise en scène de film c’est fait de manière aléatoire à chaque fois à un point ou ça n’arrive plus à trouver un équilibre ou un but à sa mise en scène. La seule scène avec un minimum d’effort c’est lors de l’entrée en salle de Wikus ou les cadavres et reste de crevette sont exposé sur des tables d’opérations avec un déplacement horizontale qui dévoile partie par partie la pièce d’opération et d’expérience, c’est pas originale pour un sous mais ça reste potable. Pour le reste, il n’y a rien à sauver tant le travail est mauvais de la part de Neill Blomkamp, c’est techniquement un travail de tâcheron.
La musique de Clinton Shorter est aussi trop anecdotique et totalement oubliable à cause du montage que ça soit avec le son ou les images, il n’y aucune recherche sur les sons ou les chœurs, aucun effort de créativité, mais venant du compositeur qui a fait la musique de Pompéi de Paul S.W Anderson je suis à peine étonné, là déjà ce n’était pas top. Franchement rien à sauver de ce côté-là.
Mais ça n’est pas pire que les personnages, parce que là il y a trop de choses à dire pour que je fasse l’impasse. Sharlto Copley, un acteur qui a joué dans chaque film de Neill Blomkamp, interprète Wicus qui est, je le dis sincèrement, un des héros les plus méprisable et insupportable qui m’ait été donné de suivre. Le comédien reste plutôt bon en général, mais du début à la fin il n’y a aucun moyen de prendre son personnage en sympathie.
Déjà parce qu’il se comporte comme un connard quand il vient dans le district 9 faire signer le formulaire d’expulsion des crevettes, son hypocrisie énerve tellement qu’il en devient très lourd, mais aussi parce que la seule scène ou on le voit dans sa vie privée c’est le jour de son anniversaire et que ce passage est tellement fait à la va-vite qu’on s’en tape comme de notre premier caleçon. Et si vous n’aimez pas suivre un personnage principal détestable du début à la fin, désolé de vous le dire mais il faudra faire avec car une fois qu’il se retrouve avec Christopher et son fils, ses réactions sont tous plus gavant les unes que les autres, déjà parce que c’est un gros égocentrique qui ne cherchera jamais à comprendre la situation des crevettes. Mais surtout parce qu’il n’évolue jamais, le film tente de faire croire à un développement en fin de film mais… en quoi il a changé sérieux ? Il a assommé Christopher pour fuir avec le vaisseau et il a voulu l’abandonner lui et son fils quand il a tenté de fuir les militaires et le colonel, et il n’y a aucune raison pour que sa bonne conscience l’ai convaincu de revenir sur sa décision, il n’a jamais tenté de comprendre la situation alors qu’il a été lui-même rejeté, ça serait mille fois plus touchant si le film prenait son temps pour rapprocher Wicus avec les crevettes, en particulier Christopher et son fils... mais bien sur que non, quoi de mieux que de suivre un abruti qui n’évolue pas ?
Donc, pour le personnage principal, c’est mort et enterré.
Pas de bol, les autres sont des stéréotypes vu et revu quand ils ne sont pas juste tout aussi saoulant et sans développement que notre héros. Entre un colonel aussi débile que n’importe quel abruti qui tire partout et lâche un one-liner à la con
comme « Bande d’enculé » ou « crevez les moi ces enculés »,
des collègues de bureau totalement tertiaires
qui ne sont utilisé que pour des témoignages au final inutile et qui servent de remplissage,
un délinquant nigérian vendeur d’arme illégale
obsédé par l’envie de devenir un alien à son tour (idée débile, pas besoin de dire pourquoi),
ou encore son épouse totalement mis de côté ainsi que son patron, il n’y a rien à sauver tant ces personnages sont vides et leurs comédien faisant le strict minimum.
Les seuls personnages un temps soit peu intéressant
sont Christopher et son fils, je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils sont mémorables ou exceptionnels non plus. Mais leur situation à vouloir compatir un minimum avec eux quand on voit comment les crevettes sont traités.
Pour le reste, ce sont des clichés sur patte ou des coquilles vides de personnalité dont on s’en bat les roustons de A à Z, à part Sharlto Copley qui livre une interprétation réussi malgré un héros méprisable.
Mais le pire, le principal élément responsable de tous ces problèmes et défauts grossiers et évident, c’est le scénario. N’ayons pas peur des mots et d’être vulgaire, c’est juste foireux en plus de gâcher l’idée de départ et toute manière intéressante de présenter un traitement intéressant des thématiques du film : la discrimination et l’expulsion. Quant ce film est sorti, beaucoup ont crié à l’innovation, l’originalité avec le fait d’utiliser des extra-terrestres pour exploiter ces thématiques et principalement la xénophobie à l’égard des crevettes grâce au mode documentaire, au gore et à la mise en scène volontairement amateur à de nombreuses reprise.
Bon alors… je ne veux pas passer pour un petit enquiquineur qui critique les gens pour avoir acclamé le film de cette façon et raconte à tout va que ce film n’a rien d’original. Seulement, n’importe qui avec un minimum de culture cinéphile, sans pour autant l’être, pourrait contredire cela avec quelques citations de film qui contredit une bonne fois pour toutes ces idées car l’originalité et les idées bien exploitées, c’est justement tout ce qui manque ici. Et surtout, toutes ces thématiques ont été mille fois mieux maîtrisés et exploités dans de nombreux autres films : les X-Men de Bryan Singer et Matthew Vaughn traitaient bien plus subtilement du racisme entre humains et non humains. Les films en found-footage c’est pas du tout nouveau non plus, Projet X, Chronicle, Cloverfield et le projet Blair Witch ont été fait juste avant. Quant au gore, on voit ça dans tellement de remake pourri de film d’horreur que c’est plus éculé qu’autre chose quand c’est juste là pour dégoûter ou choquer mais sans rien en plus, rien qu’avec le remake de Evil Dead ou même celui de Carrie par exemple. Même dans le final il n’y a rien de novateur à dire, le combat du robot contrôlé par Wicus face aux soldats fait trop Transformers et Pacific Rim (sauf que dans ce cas-ci, c’est beaucoup mieux exploité).
RIEN ! Et j’insiste, rien n’est original, nouveau ou même varié comme dans plusieurs films de bien meilleur qualité. Parce qu’en plus, ça n’arrive même pas à être cohérent avec sa propre histoire, des débilités il y en a à la pelle à force d’avoir un rythme tellement rapide et mal contrôlé :
à commencer par les dialogues qui sont aussi cliché qu’on aurait l’impression de voir n’importe quel film du même style du genre « Non, on reste ensemble. Je ne te laisse pas ici » de Christopher envers Wicus alors que ce dernier lui dit de partir devant pour retenir l’ennemi, c’est tellement pas prévisible que j’aurais mieux fait de ne pas deviner la fin (c’est ironique). De plus, c’est quoi ce premier revirement de la part de Wicus quand on teste son bras et qu’on place une crevette qu’il doit abattre mais qu’il refuse de tuer ? Il n’avait aucun scrupule quand il était au District 9, pourquoi il en aurait d’un seul coup ? Et comment arrive-t-il à s’échapper du centre de la multinationale alors qu’il y a des gardes dans le bâtiment et qu’il lâche le chirurgien qu’il tenait en otage. Encore plus bête, pourquoi les soldats ne pensent pas une seule seconde à se rendre au District 9 pour faire leur première recherche et récupérer Wicus, vous savez, le dernier lieu de travail ou il a été avant de revenir au QG ? Et comment Christopher a pu se procurer une arme alors que Wicus est reparti du repaire des vendeurs d’armes avec une seule arme extra-terrestre ? Et puis surtout cette fin, mon dieu cette fin ! Comment Wicus a pu déposer le bijou bleu que sa femme présente en fin de film devant sa porte ? Et qu’est-ce que sont devenus Christopher et son fils alors qu’ils ont laissé toutes les autres crevettes sur la terre ? Et comment peut-on nous laisser croire que les aliens se multiplient encore alors qu’on voit Wicus mettre fin à une reproduction d’alien en début de film et qu’avec ce qui s’est passé dans le district 9, un bordel pas possible a été laissé derrière et que les aliens ont carrément tué plusieurs humains au cours du film et auparavant ?
Ce genre de stupidité, je vous les laisses tous les trouver si ça vous amuse, moi j’en ais eu ma dose.
Le pire dans tout ça c’est que, Blomkamp nous laisse carrément en plan et au final il n’a rien fait de son matériel pour ce film. La morale final n’apporte rien de plus et est tellement mal présenté avec tout ça qu’elle n’a aucun impact, comment on peut qualifier ce film de chef d’œuvre de la SF quand on voit un tel lot de nullité et de déjà-vu pendant près de une heure et quarante minutes ? Des films classiques qui sont qualifier comme tel et le mérite il y en a mais… pas ça, juste non les gars.
En gros, vous savez ce que je pense du film : District 9 est une merde, déjà parce que ce film a un succès scandaleux qu’il ne doit qu’à un coup de pot et au nom de Peter Jackson qui le produit selon moi. Mais aussi parce qu’à cause de son succès, Neill Blomkamp a continuer et quand je vois à quoi ressemble son premier film, je crains le pire pour Elysium et Chappie, surtout quand je vois qu’au final il n’y a aucune analyse et traitement solide sur ce que présente ce film. A éviter selon moi !