Grâce à l'ambiance qu'il a créée, Luhrmann réalise la lourde tâche de rendre au cinéma toute sa magie. En stimulant ainsi nos sens, ce film nous enchante et nous emmène sur une autre planète, dans un autre monde, le monde de la fiction. Devant Gatsby le magnifique, on se retrouve comme un enfant face à son premier Disney : on est tout petit. Cette impression risque d'être démultipliée pour ceux qui, comme moi, verront le film en 3D.
Ce qui fait le caractère magique du film, c'est aussi sa capacité à nous faire croire et à nous tenir en haleine. La narration est telle que l'on joue le jeu, on écoute Nick (Tobey Maguire) nous parler de ce millionnaire avec fascination, on se laisse porter par le suspense qu'il introduit dans son récit, on avance au rythme de la chronologie qu'il nous impose...
Les mots avec lesquels Nick parle de Gatsby sont peut-être plus beaux que le personnage de Gatsby lui-même. Car le film sait dire les bonnes choses de la bonne façon et au bon moment. Cette narration crée du mythe, et nous prouve qu'en romançant, on peut rendre les choses plus belles. Une des grandes forces du film, ce sont ces dialogues et cette narration qui apportent un souffle dramaturgique incroyable à une histoire pourtant peu originale.
Car oui, sur le fond, le personnage de Gatsby, millionnaire solitaire, mystérieux et idéaliste, n'a pas grand chose de nouveau dans sa construction. Le film a beau être assez prodigieux, il a ses points faibles. En maintenant ainsi le suspense sur Gatsby, Baz Luhrmannn nous fait espérer des révélations qui ne sont pas à la hauteur de nos attentes lorsqu'elles arrivent. C'est comme si la contenance des personnages était trop fragile pour la grandeur de la mise en scène.
Finalement, en esthétisant son monde, Luhrmann nous en éloigne progressivement et nous met en mesure de désamorcer les éventuelles surprises de l'histoire. Mais est-ce vraiment un défaut, à ce stade ? N'est-ce pas juste un choix de mise en scène ? Peu importe, après tout, si le spectateur entre ou pas dans l'empathie avec Gatsby le magnifique, tant qu'il est émerveillé...