Mathieu Amalric dresse un beau portrait d'homme pressé et en propose une interprétation très convaincante. Avec ses costumes de dandy ringard, sa moustache, il campe un personnage has been, ancien opportuniste sans foi ni loi, ayant vu la roue tourner. Un être mu par une sorte d'énergie du désespoir, qui s'agite, s'étourdit pour ne pas penser, et se cogne un peu partout. Un petit "monstre" sec et teigneux, qui va s'humaniser peu à peu au contact de ses "filles".
Le film offre aussi une plongée captivante dans un monde du spectacle un peu particulier, peuplé de femmes aux formes généreuses, animé par un esprit de dérision. Univers fellinien pour un traitement plutôt cassavetien. Amalric capte cette vie de groupe avec une intensité vibrante, entre la fantaisie joyeuse des shows et la solitude des halls d'hôtels, l'exubérance de façade et les failles intérieures. Il brode autour du corps spectacle, du corps intime et touche à la notion de dignité au cours d'une scène étonnante dans un supermarché. Au final, se dégage de ce road-movie quelque chose de borderline, dont les effets comiques flirtent avec le drame, et les effets dramatiques avec le comique. Se dégage aussi un sentiment mêlé : chaleureux, rude, doux-amer.
L'actrice Miranda Colclasure (Mimi Le Meaux) est la révélation du film. Ronde, blonde, tatouée, tout en artifices. Énergique et mélancolique. Sa présence laisse une impression étrange et forte. Avec un je ne sais quoi d'Anna Thomson (Sue perdue dans Manhattan).