"The day after tomorrow !"
Los Angeles 31 décembre 1999, l’Amérique s’apprête à passer au IIIème millénaire. Le prophète rappeur noir Jeriko One est assassiné, le ou les coupables courent toujours. L’armée prend possession des rues, l’insurrection gronde.
Dans ce contexte extrême, nous découvrons Lenny Néro (Ralph Finnes), dandy alcoolique, ex-policier devenu dealer. Lenny ne distribue aucune drogue psychotrope classique, il vend des «clips» ; la nouvelle addiction des yuppies de L.A.
Le «clip» est un morceau de vie d’autrui filmé à la première personne, stocké sur un mini cd placé sur un casque que l’on pose sur le crâne. Le catalogue de «clips» est infini : sexe, braquages, concerts, souvenirs, seuls les meurtres sont prohibés. Mais la vie de Lenny, antihéros pathétique va prendre une tournure dangereuse, lorsqu’Iris, une prostituée à la solde du manager véreux Philo Gant (Michael Wincott), donnera un «clip» compromettant à Lenny
avant d’être assassinée
. Sous couvert d’un film d’anticipation musclé, «Strange Days», sorti aux USA en 1995, dénonce l’affaire Rodney King à l’origine des émeutes de L.A. quatre ans auparavant. Kathryn Bigelow ("Aux Frontières de l'Aube", "Point Break") filme avec un œil visionnaire, un futur proche d’un pessimisme saisissant. Pendant que certains nantis vivent par procuration la vie des autres grâce aux cybers criminels comme Lenny, dans la réalité, les gens meurent, les émeutes sont légion, la ville est sur le point d’exploser. Traqué pour ce qu’il a découvert, Lenny doit fuir mais quand les cadavres s’amoncèlent autour de lui, Lenny accompagné de son amie Mace (sculpturale Angela Davis), accessoirement sa garde du corps, devra mouiller la chemise s’il veut survivre. Kathryn Bigelow met en scène un trip hallucinogène de plus de 2H20’, un film choral où s’entrechoquent plusieurs destins tragiques dans une atmosphère de paranoïa complotiste jusqu’à un final chaotique miroir d’un avenir apocalyptique en devenir.