Bouzi Bouzouf aime « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb, saga historico-politico-familiale qui, sur le plan chronologique, prend le relais de « Indigènes », du même Bouchareb, quasiment à la minute où celui-ci s'était terminé. « Indigènes » s'intéressait à quelques tirailleurs algériens sur le champ de bataille européen pendant la Seconde Guerre mondiale ; « Hors-la-loi », lui, débute alors que celle-ci prend fin officiellement, soit le 8 mai 1945, non pas en se focalisant sur des soldats américains chevauchant énergiquement de jeunes Françaises peu farouches dans des hôtels parisiens, mais en s'attardant sur les massacres de Sétif et Guelma qui, le même jour, à cause de manifestations ayant mal tourné, ont vu nombre d'Algériens se faire occire par les forces de l'ordre françaises (il y eut, en prenant en compte les jours suivants, 1165 morts selon le colonisateur, 45000 selon les autochtones : le vrai chiffre doit se situer quelque part entre les deux). Ensuite, le film quitte l'Algérie pour la France où, à travers le destin de trois frères (joués par les mêmes acteurs récompensés à Cannes pour « Indigènes » : Debbouze, Bouajila, Zem ; Samy Naceri n'a pas pu venir, trop occupé à ramasser des savons à Fresnes), où l'on assiste au déploiement du FLN et à sa guerre urbaine contre les flics français (guerre mal filmée par Bouchareb : on ne s'improvise pas Michael Mann comme ça), cela jusqu'au massacre du 17 février 1961 (30 morts pour les uns, 246 pour les autres : faites vos jeux, ladies et gentlemen) et à l'indépendance de l'Algérie. Pour évoquer la polémique que « Hors-la-loi » a suscitée, on lui reproche, si Bouzi a bien compris, de développer un point de vue trop algérien sur les événements évoqués. Mais c'est de bonne guerre, non ? Les Français n'en ont peut-être jamais tourné, eux, des films s'inspirant de faits réels qui correspondent à la vision des choses du pouvoir en place ? Eh bien, si. Beaucoup, même. Et le dernier s'appelle « Des Hommes et des Dieux. »