Indigènes était un film de guerre, Hors-la-loi, en est un aussi. De guerre civile, montrée par le camp vainqueur. L'Histoire ne retient en général que cette version "officielle" à la notable exception de l'Algérie, parce que, n'est-ce pas, c'est la France qui a été défaite. Des polémiques sur le sujet et la façon de le traiter, il y en aura toujours, le film de Bouchareb ne fait pas exception à la règle, les plus ridicules étant ceux qui condamnent sans en avoir vu une seule minute.
Hors-la-loi est la vision d'un cinéaste, plutôt militante, mais pas aveugle au point de passer sous silence certaines exactions du FLN. Une leçon d'histoire ? En partie oui, un bon nombre d'événements relatés ici ont rarement été évoqués au cinéma. Partons du principe qu'un spectateur est adulte et est capable d'accepter qu'une fiction cinématographique soit libre, d'autant plus si elle est globalement honnête. Ensuite, à la critique de faire son travail et à chacun d'exprimer un avis, à partir du moment où il ne l'assène pas.
Avec tout ça, on en oublierait presque les qualités intrinsèques de Hors-la-loi. Tout n'y est pas parfait, mais Bouchareb sait conduire un récit, alterner scènes d'action très spectaculaires, et moments plus intimes. Ceci dit, il est quand même un peu gêné aux entournures par l'envie de faire passer des messages et le côté didactique l'emporte parfois. Y compris dans l'interprétation des trois frères, Zem, Debbouze et Bouajila ne semblant pas particulièrement à l'aise dans leurs habits.
De la carrière de ce cinéaste engagé et humaniste qu'est Bouchareb, on ne retiendra pas en priorité Hors-la-loi, mais plutôt Little Senegal ou London River. Deux films beaucoup moins vus, car peu médiatisés, hélas. Il est vrai que là, il n'y avait aucune polémique à l'horizon.