Deuxième long métrage, première immersion drama de John Crowley. Deux révélations, celle d'un réalisateur accompagnée d'une carrière naissante d'un jeune comédien prometteur, Jack Burridge. Laissant le casting version grande largeur de son premier film, Crowley s'attache à suivre le parcours troublé et troublant d'un jeune homme sortie de prison après des années de réclusion, pour meurtre. Accompagné à l'écran comme dans la trame narrative du film par Peter Mullan (parfait comme à son habitude dans ce genre de rôle), père de substitution ou "guide" de réinsertion. Le traitement est des plus âpre, au plus près des corps laissant souvent libre court à l'interprétation de Burridge, irréprochable dans un rôle ne flirtant pas avec la démesure, l'expression explosant alors beaucoup plus dans le choix de la retenue. Non "cloîtré" pour autant, le personnage ainsi interprété ressort aux yeux du monde, comme fragile et inaccessible. Fragile de son intérieur, fort dans son extérieur, les corps se permettent alors d'exploser lorsque des enjeux amicaux (seuls repères) sont en jeu. C'est donc une réalisation subtile, où le tire larme facile laisse place à des enjeux plus importants, conter ce qui peut se passer face à un tel scénario, suggérer plutôt que montrer, laisser le libre arbitre d'un jugement d'un enfant il y a des années opérer à nouveau dans la fiction même. Double lecture intéressante et point de vu plus juste pour un sujet délicat, amené en bout de parcours par une fin des plus fine et subtile à souhait. Crowley fait le choix d'une photo claire, angélique comme porteuse de l'avenir d'un être qui n'aurait pas choisi. Il en ressort ce bel objet, plein d'émotions, de remise en questions; au final le don de soi, afin de protéger les autres, reste seul face à la cruauté, du hasard de la vie. Film sur la rédemption quand celle-ci nous a été infligée. Quand un réalisateur sait clore un film de la sorte (que reste t-il ((de physique))après un départ?), on ne peut qu'attendre