Inattendu, c'est le premier mot qui frappe notre esprit à la vue de ce blockbuster assez chic signé par le grand maître Burton. Après Alice aux Pays des Merveilles qui engrangea près d'un milliard de dollars de recettes au Box Office mondial, il y a deux ans maintenant, il va sans dire que les studios de production n'hésitèrent guère à investir dans son nouveau film particulièrement prometteur. Mais curieusement, Dark Shadows ne connut pas le succès commercial et critique escompté. Dommage quand on voit les moyens déployés et le prodigieux casting constitué à cette occasion, avec Johnny Depp, toujours aussi déjanté, et la sulfureuse Eva Green, dont l'irréprochable prestation nous confirme une fois encore son indéniable talent. Dark Shadows, comédie horrifique bien ficelée, spectaculaire et désopilante, nous entraîne dans un duel rocambolesque mais sans pitié opposant le pauvre Barnabas Collins (Johnny Depp), vampire maudit, à la fatale Angélique Bouchard (Eva Green) , sorcière au cœur brisé qui s'emploiera ardemment, tout au long du film, à se venger de son vieil amant. Si Dark Shadows peut s'illustrer par ses effets spéciaux, son formidable casting et son esthétique "Burtonienne", le scénario en revanche n'apporte guère d'innovations et finalement, le film semble d'avantage tendre vers le Soap Opera. On aurait certes apprécié de la part du grand réalisateur d'Edward aux Mains d'Argent et de Big Fish, plus d'originalité sur ce plan. Cependant, les performances des acteurs principaux portent remarquablement le film sur toute sa durée, nous faisant oublier que Burton nous livre là une énième histoire de vampires, sans grande originalité mais qui tient grâce à son casting béton et sa réalisation impeccable. Finalement, on passe un excellent moment même si l'intrigue s'essouffle vers le dernier acte, soumettant alors le spectateur à un déballage d'effets spéciaux extraordinaires mais finalement assez lourds. L'humour en revanche est bien présent et toujours aussi décalé pour la plus grande joie des spectateurs, avec de nombreuses scènes et répliques particulièrement exquises. Danny Elfman parvient également à nous immerger habilement dans l'ambiance des "seventies" grâce a une bande sonore plutôt réussie qui s'accorde parfaitement au film. En toute somme, Dark Shadows se révèle très réussi en dépit de son échec commercial et de son allure de Soap Opera recyclé. On ne peut donc qu'attendre la suite avec impatience en espérant que Burton aura l'âme de retourner à ce projet très rapidement.