Encensé par le public, épargné par la critique, Tim Burton est définitivement un cinéaste inclassable et reste, quoiqu'on en dise, un faiseur de rêves. Lorsque l'on fera le bilan de sa carrière, il ne fait aucun doute qu'il fera partie du gotha du cinéma avec un univers unique dans le paysage cinématographique. Mais on ne va pas se mentir : incapable de se renouveler, tant dans sa signature artistique que dans ses choix scénaristiques, le réalisateur Américain n'invente plus rien depuis un bon moment déjà. D'ailleurs, à force de se copier lui même, il n'y a guère besoin d'attendre bien longtemps pour comprendre qu'avec ce "Dark shadows", on se trouve au plus profond du territoire Burtonien avec les ingrédients qui ont fait son succès : une propriété gothique aux belles décorations, des bois sauvages, une mer déchaînée, un romantisme sombre, de la magie noire, des sorcières et des vampires ... et bien évidemment, la présence de Johnny Depp pour sa huitième métamorphose Burtonienne ... Tiré d’une série à succès diffusée entre 1966 et 1971 sur ABC, l'histoire de ce soap-opéra aussi théâtral qu'irréel nous rappelle bien des classiques, et c'est certainement ce manque d'originalité qui rend la recette si édulcorée. Si l'univers de Tim Burton y est de toute évidence omniprésent et que l'atmosphère est soignée, on note quelques différences par rapport à ses oeuvres précédentes : le scénario est assez sommaire, la photo se veut un peu moins glauque, et plusieurs plans se déroulent en extérieur sous un grand soleil - ce qui se fait rare chez lui. Le casting se révèle par ailleurs assez réjouissant (Michelle Pfeiffer, Chloë Moretz - peut-être un peu too much en ado rebelle -, Helena Bonham Carter, Johnny Depp et surtout Eva Green, laquelle rayonne en sorcière obsédée par l'amour de Barnabas). Une fois de plus, "Dark shadows" porte incontestablement la griffe caractéristique de son géniteur, Tim Burton. Comédie gothique et décalée, ce conte fantastique et réjouissant à l'humour saignant peut être considéré comme une oeuvre mineure dans sa filmographie. Pourtant, avec le recul, on s'apercevra qu'elle est parfaitement dans la lignée de ses films précédents (certes avec moins d'inventivité ou de maestria) ...