Mensonges d’Etat est un Ridley Scott passé inaperçu ou presque, et franchement, je comprends, car c’est loin d’être son meilleur film ! La faute en revient principalement à une histoire assez brouillonne. En vérité, il n’y a pas une réelle intrigue à proprement parlé. Le film s’ouvre ainsi sur une longue introduction qui sera en fait une historiette avant le gros morceau, gros morceau qui est lui-même plus un épisode de la vie d’un agent de terrain qu’une intrigue solidement structurée caractéristique des thrillers d’espionnage ou politique. Le métrage cherche davantage à s’appesantir sur les relations compliquées entre services secrets, mais également au sein d’un même service en fonction de la hiérarchie, saupoudrant le tout d’une ironie grinçante pas désagréable, mais qui donne un côté goguenard à l’ensemble assez peu crédible en définitive. D’ailleurs, on aura aussi le droit à une romance qui malgré la qualité des interprètes s’avère vraiment tirer par les cheveux et déboucher sur la conclusion qui est malheureusement pas du tout crédible (honnêtement compte tenu de la personnalité des personnages de Strong et Crowe ça tient pas). En fait, le film semble vouloir en faire trop, il y a un côté un peu vulgaire dans l’appréhension du sujet, et pourquoi pas, c’est un type d’approche, mais ça donne l’impression de trancher avec les habitudes de Ridley Scott, et ses ambitions ici. En effet, le film est par ailleurs très soigné sur la forme, avec une reconstitution minutieuse des décors, une belle photographie, on a aussi toujours la mise en scène nerveuse du réalisateur qui donne de la crédibilité aux scènes d’action, pas très nombreuses mais bien faites. Je note quand même un montage parfois assez aléatoire, notamment une transition dans la première partie du film qui donne limite l’impression qu’il manque un morceau de la bobine ! De même, j’ai trouvé que Scott usait et abusait vraiment beaucoup trop des vues aériennes, satellitaires, c’est quasiment toujours ainsi qu’il assure ses transitions entre Di Caprio et Crowe et au bout d’un moment c’est assez saoulant. Di Caprio est plutôt convaincant, même si dans un style un peu similaire il était bien supérieur dans Blood Diamond. Là il fait le travail, mais il se fait voler la vedette par l’excellent Mark Strong, absolument top en responsable du service de renseignement jordanien. Il s’amuse visiblement comme un petit fou ! Russell Crowe prend un rôle ogresque à sa mesure, mais il faut avouer que son personnage, grandiloquent, bavard, sans foi ni loi ou presque est assez caricatural et participe du côté un peu grotesque qui s’immisce trop régulièrement dans le métrage. Farahani en revanche est excellente et c’est dommage que son personnage n’ait finalement qu’un rôle secondaire.
En clair, un film d’espionnage moyen. De bons acteurs et un visuel soigné peinent à tirer ce film vers le haut. Il a un côté peu crédible, trop satirique, et à force de vouloir dénoncer quelque chose (j’imagine les magouilles et pratiques des services d’espionnages), il passe un peu à côté du développement cohérent et crédible d’une véritable intrigue qui commence avec une volonté d’ancrage réaliste et se conclue sur une forme de happy end de romance. 3