Après l’amour (“Head-On”) et avant le mal (dans son prochain long métrage), c’est la mort que Fatih Akin place au cœur de sa septième réalisation, abordant le sujet sous l’angle du deuil, mais surtout de la fatalité, puisque le décès de deux des six personnages principaux de ce drame choral, situé entre l’Allemagne et la Turquie, est annoncée dans le titre de deux des trois chapitres qui constituent le récit. Allant et venant entre les deux pays et créant, d’un côté comme de l’autre, des paralèlles (au plan d’un cercueil descendant d’un avion, sur le sol turc, répond celui d’un cercueil y entrant), le réalisateur mêle la mort, donc, mais également l’identité, le dépaysement, et les relations germano-turques (évoquant, plus largement, celles entre la Turquie et le reste de l’Europe), au gré d’un scénario brillant, traitant pleinement chaque thème, et où les personnages, solitaires, se cherchent mais ne se trouvent pas, se croisent mais ne se voient pas. Ce faisant, Akin contourne les grosses ficelles parasitant trop souvent les films du genre, quand il s’agit d’entremêler les destins. Une finesse qui n’en rend que plus justifié le Prix du scénario décerné par le jury de Stephen Frears, au dernier Festival de Cannes, même si “De l’autre côté” aurait pu prétendre à une distinction plus élevée, tant ses défauts sont rares, dans ce drame où les interprètes, épatants, brillent tout autant que la mise en scène, sobre et précise, qui transcende le récit de ces histoires bouleversantes, auxquelles nous assistons depuis l’autre côté de l’écran.