Ce film est une merveille. Le montage est astucieux, et les instants où les protagonistes se croisent sont judicieusement amenés, tout en restant limpide (pas de complexité alambiquée). Le scénario est simple, fort, et trace un constat teinté d'amertume mais surtout d'espoir. Des épreuves, de la mort, naissent le rapprochement et la beauté de vivre. Chacun des personnages va trouver en quelque sorte l'être de substitution qui lui manquait. Nejat discernera la mère qu'il a perdue enfant. Ayten en quête maternelle, sera meurtrie, mais finalement ne perdra pas au change (expression mal appropriée j'en conviens) en rencontrant cette femme allemande d'une sagesse, d'une gentillesse et d'une délicatesse exceptionnelles, elle-même ayant froidement perdu sa fille. Sa mort est horrible, mais encore une fois, elle va permettre à sa mère éplorée de retrouver sa fougue d'antan et de reprendre le combat pour libérer Ayten. Des liens nouveaux se tissent, et le plus beau est que ceux-ci dépassent les frontières. Un rapprochement fraternel entre allemands et turques. Voilà l'autre côté surgissant après les coups durs, nous invitant à nous rassembler, à rester soudés, pour surmonter les épreuves terribles de la vie. Les acteurs sont tous très justes, avec peut-être une légère préférence pour le jeu bouleversant de Lotte Staub. La réalisation est académique, et cette sobriété sans le moindre artifice est nécessaire pour un film de cette envergure, brut et universel. Quelques paysages magnifiques, notamment les virées en voiture via la caméra subjective. Les musiques environnantes turques sont fabuleuses et harmonieuses. Simple, humain, touchant, De l'autre côté prône la fraternité quelque soit nos appartenances (nationalité,religion,...). Face à l'épreuve, on est identique. On est confronté aux mêmes âpres difficultés (que ce soit la mort ou un ressentiment moins extrême), et il impératif de s'unir pour s'entre-aider, tels des compagnons de voyage. Merci M. Akin pour cette espérance.