Avant même sa sortie, Justice League s'était fait assassiné par les amateurs de cette guéguerre stupide entre firmes (Marvel et DC), les uns prétendant que le film ne pouvait être bon puisqu'il allait plagier tout ce qu'avait fait Marvel, les autres avançant qu'un film au développement si chaotique ne pourrait jamais être de qualité. A cela vinrent s'ajouter les fausses rumeurs ridicules, les quelques éléments véridiques reportés du tournage, et le décès de la fille de Snyder, pour lequel nous avons beaucoup de peine.
Lancer un film d'une telle ampleur au sein de ces conditions désastreuses était fortement risqué. Et lorsqu'on voit la moyenne du film sur SC, on comprend qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Parce qu'au final, Justice League n'est pas la catastrophe que tout le monde annonce, le film en demi-teinte qui ne sait pas s'assumer. Il est bien des choses, mais sûrement pas celles là : mieux, il en est tout le contraire.
Pétaradant, bourré de références et de passages de réflexion intéressants, le film de Snyder et Whedon impressionne par sa maîtrise. C'est un film plus court que tout ce qu'a pu faire l'ami Zack, certes, mais l'on tient ici un véritable effet de style : faire rentrer en deux heures ce qu'il aurait mis trois à développer. Et lorsque l'on s'intéresse un minimum au rendu final, ça ne peut qu'être impressionnant.
Parce qu'en plus de la maîtrise constante de son écriture (même si l'on pourra regretter les quelques premières scènes qui s'enchaînent trop vite, ou deux ou trois dialogues en manque d'inspiration), Justice League s'est également muni d'un travail de mise en scène titanesque. Tout y sonne comics, tout est travaillé pour que l'on ait l'impression de voir une oeuvre Justice League sous format bulle s'animer devant nos yeux fascinés.
C'est un rêve de gosse qui prend forme, un fantasme geek que Snyder met en place. Le rêve de tout fan de l'univers super-héro.
S'aidant d'une photographie soignée, profonde et riche en éléments visuels, le réalisateur laisse transparaître tout le génie de sa mise en scène, éblouissant nos yeux ébahis d'un spectacle inattendu. De telles images, nous n'avions jamais vu cela nulle part, et ne sommes pas prêts de les revoir ailleurs.
On pourra imiter ce que fait Snyder à la manière d'une suite à 300, on pourra tenter de lui rendre hommage comme dans Thor Ragnarok, de s'en inspirer comme l'a si bien fait Patty Jenkins, mais il demeure le maître de son art, et en tant que tel, nul ne l'imitera jamais sur son terrain de jeu. Il suffit de voir ce JL pour comprendre que le maître a encore de beaux jours devant lui, et qu'il n'est pas prêt d'arrêter de nous éblouir de son talent.
A côté de cela, on notera un casting complémentaire fait de personnalités diverses, tantôt froides tantôt exubérantes, des personnalités qui forment une équipe fidèle aux comics et psychologiquement intéressante. Une équipe qui entraînera l'humour que tant redoutaient, y compris moi : au final, on n'est ni dans le too much ni dans le pas assez, le film sachant quand placer son humour, et quand le retirer.
Quelques petites blagues qui viendront d'ailleurs tempérer avec talent le ton sombre et matûre de l'oeuvre, qui même si l'on n'atteint pas là les sommets d'un BvS ou d'un Watchmen, gardera tout de même l'esprit des comics DC. C'est simple comme bonjour : JL est un comics animé en live qui parle de famille, de rapports père/fils et fils à mentor, d'amourette cachée et de dieux qui meurent et se battent, qui manient la foudre et la force d'Hercule, l'imagination d'Ulysse et la violence d'Athéna.
Parce qu'au final, la Justice League pourraît se résumer comme une simple famille de dieux qui voudraient devenir des hommes, qui désireraient se mettre au niveau de cette humanité qu'ils protègent au péril de leur vie. C'est un constat qui tient également pour le Bat de Gotham, qui sera parvenu, au fil du temps, à suffisamment se faire craindre par ses ennemis pour atteindre le stade de divinité de la nuit.
Un Batman étrangement useless et humain, qui servira plus pour ses neurones que pour ses muscles. L'idée de supprimer le côté over-cheaté des comics fera tout de même plaisir et rendra le film d'autant plus crédible qu'on sent clairement qu'il souffre comme nous. Ce n'est pas un super-héros. Non, il est à la limite de l'anti-héro : rusé, froid, il ne recule devant rien, rien du tout.
Tenons aussi un petit mot sur Flash, le comic-releef du film qui parvient, comme je le disais plus haut, à tempérer la sombreur du ton global par ses répliques incessamment comiques. Une phrase, une punchline, et ça passe très bien. Allen est un gosse qui vit son rêve de nourrisson, un gars au ton léger pour balancer avec la lourdeur d'un Batman. Exactement le personnage de base, donc.
Egalement superbe en ce qui concerne ses effets spéciaux, JL prouve donc que l'on peut faire un excellent film de deux heures avec autant de personnages, si l'on va à l'essentiel et qu'on ne s'encombre pas de superflu. Extrêmement bien rythmé, le film fera rêver le fan jusqu'à cette fameuse scène post-générique à la toute fin des crédits, annonçant une suite fantasmagorique.
JL, ou l'adaptation que l'on attendait.
JL, ou le contre-Avengers totalement indépendant de la production super-héroïque actuelle.
JL, ou l'adaptation que l'on méritait.
Et n'oubliez pas de suivre mon activité sur ma page Facebook, Ma Culture Geek. A très bientôt !