L'histoire d'un petit robot écologique qui rencontre sa moitié, un peu plus perfectionnée.
Tout est tellement parfait dans ce film que ce pourrait être le chef d'œuvre annoncé. Et les critiques officiels n'ont pas manqués en ces temps de Sarkozysme ambiant déprimant de se pâmer du dernier Pixar. Hélas, le joyau n'est pas à la hauteur de sa réputation.
Je vais être très rationnel et commencer par les défauts.
Tout d'abord, Pixar ne sait pas rendre des êtres humains, ça fait dix ans que ça dure, et ça ne s'arrange pas. Loin de là. On peut penser à l'entêtement du directeur du style Renault (Le Clément) à faire des voitures moches pour que l'on sache que ce sont des Renault, mais vu la concurrence, il serait temps que les studios Pixar changent de philosophie. Car c'est uniquement une philosophie, la technologie est prête pour faire des humains réalistes. Donc, pour compenser, il nous mettent en plus des acteurs réels sur des écrans, comme pour instaurer une limite intellectuelle entre la réalité et l'image de synthèse et notre monde. C'est sûrement valable intellectuellement ou artistiquement, mais nous ne venons pas voir un Disney pour voir un chef d'œuvre d'art contemporain.
Le gros problème, c'est que vue la perfection du rendu de la première demi-heure, les baleines humaines tombent comme un cheveu sur la soupe.
Deuxième problème, le scénario est loin d'être subversif, il montre au contraire les limites de la logique mathématique face aux contradictions débiles des humains, et les catastrophes écologiques sont édulcorées à cause de l'optimisme béat et sans fin de la condition humaine. Ce qui dessert le message d'un film qui devrait au contraire nous alarmer sur l'état de la planète. Et je ne vois pas comment l'atmosphère pourrait être respirable sans plantes, puisque sans plantes, pas d'oxygène. C'est bête hein ?
Ce film est donc la démonstration que l'espoir ou le divertissement (ce qui revient au même) ne peut co-exister avec la vérité. On est mal barré et ce film est la plus mauvaise démonstration que l'on puisse s'en sortir. L'autre nuance étant que l'absence de dialogue et l'histoire divise un peu la salle, il y a ceux que la perfection ennuie rapidement, tandis que la beauté de l'ensemble captive les autres.
Troisième problème, il n'y a que les deux points précédents qui posent problème ! Enfin, si, comme dans Némo, les plans larges ont autant de mal à captiver, car un paysage de synthèse n'est jamais aussi beau qu'un paysage naturel, faute de hasards et de coincidences.
Mais ce sont les seuls « problèmes ».
Car c'est le meilleur Pixar au niveau technique depuis longtemps.
Je n'ai jamais vu un tel jeu esthétique sur des images de synthèse. C'est parfait pour toute la partie robot, et quand ce n'est pas parfait, c'est voulu pour la dimension poétique. Le niveau de réalisme est hallucinant. Les jeux de mise au point sont les plus beaux que l'on ait vu de mémoire de cinéphile.
Ensuite, les sentiments des robots sont montrés de manière extraordinaires, surtout Eve. Une forme si simple arrive, avec 9 mots de vocabulaire et 20 jeux d'expression oculaire à construire une histoire d'amour. C'est génial, sans faille, et envoûtant. Plus qu'une image d'actrice, puisque dégagé d'anthropomorphisme ou de goût esthétique ou de chair. Rien que pour ça, ce film mériterait 20/20 s'il n'y avait les problèmes cités avant.
C'est peut-être la plus belle histoire d'amour de tous les temps, car elle est vécue par des non-humains. Et nous permet ainsi de toucher la beauté du sentiment amoureux et affectif d'une manière détachée, et donc plus prégnante. Presque documentaire, mais avec du style et du talent.
Il y a aussi beaucoup d'humour, le « Wall.E » est formidable de conscience professionnelle, de hargne, d'espoir, d'humour et de sentiments sinon de poésie. Seul depuis 600 ans, il a construit son univers de solitude sans jamais désespérer, malgré son cafard qui l'accompagne partout. Et ce n'est pas qu'une image.
Ce film est le plus fleur bleue du cinéma, sans jamais le montrer, comme si c'était interdit, et c'est ce qui fait sa force, car même le plus macho des brutes peut accrocher puisque la notion de sexe féminin est très floue.
Pour le reste, il y a tout ce qui faut, les gags, la bonne morale, la maîtrise parfaite du script et de l'action, le suspense et la beauté des image, les clins d'oeils au cinéma du vingtième siècle. L'image est parfaite, le son aussi, la musique sympathique.
On peut enfin souligner que si les robots sont aussi sympathiques, surtout pour une histoire d'amour, c'est qu'ils sont totalement écologiques : aucun risque qu'ils ne se reproduisent et qu'ils détruisent notre si belle planète à cause de leurs 6 milliards d'enfants ! C'est la plus belle fable écologique du monde du cinéma.
Quel dommage que pour quelques choix discutables et assumés, il ne me plaise pas à 100%.
Car j'aimerais bien voir autre chose que « Blade Runner » décrocher le 20/20 sur mon site Radikal Kritik.