Qu’est-ce que c’est bien !
Et pourtant, le sujet peut rebuter et faire plonger le spectateur dans une contemplation morbide. Mais, comme l’étaient Mar Adentro ou la chambre des officiers, c’est un film d'hôpital (mais pas seulement) formidablement humain, drôle, émouvant, terriblement émouvant : on a du mal à retenir ses larmes et d’ailleurs on ne les retient pas.
Le personnage principal a beau être avant son accident, un nanti, un chanceux un poil énervant, on s’y attache énormément, il montre une telle force de vie, un tel pouvoir d’imagination, qu’il ne peut pas être antipathique. Tous les autres personnages l’entourant, le soignant, l’aidant à communiquer, sont des anges de bonté et donnent une énergie étonnante à l’ensemble. Marie-Josée Croze et Anne Consigny sont magnifiques dans leurs rôles, à la fois discrètes et volontaires, émues et fortes, belles et anti-stars. Les scènes où elles parviennent à dialoguer avec le malade sont d’une grande intensité, comme hypnotiques, on comprend en même temps qu’elles ce que veulent dire les clignements d’oeil, on souffre, on éclate de rire, on respire comme lui, comme elles, c’est un supplice, c’est un délice.
La mise en scène est d’une inventivité incessante, avec une idée de cinéma à la minute, déployant brillamment de multiples effets sur le cadre, la lumière, le son, le montage : on ne s’ennuie jamais, on est sans cesse surpris, secoué, rassuré puis à nouveau choqué ou attendri; une robe d’été qui vole, des cheveux comme un geyser, la voix d’un vieil homme... c’est sensuel, poétique, profond, et ça ose parler de l’amour, de la mort, de la vie, des sentiments...
Ça n’est pas juste à voir, c’est à dévorer de plein fouet : on en sort pas tout à fait le même.