Après avoir mis en images l'affrontement pyrotechnique du couple Angelina Jolie / Brad Pitt dans le sympathiquement niais Mr and Mrs Smith, Doug Liman adaptait en 2008 un roman de Steven Gould, avec pour ambition de donner naissance à une trilogie, voire une franchise. Ce qui n'est toujours pas le cas à l'heure actuelle.
Première partie d'une saga toujours en suspens, Jumper intrigue dans ses premières minutes, nous présentant un jeune héros plutôt attachant, évoluant dans un quotidien loin d'être épanouissant et découvrant, à la suite d'un accident, qu'il est doté d'une capacité hors du commun: la téléportation. Une mise en bouche prometteuse mais qui s'effondre comme un château de carte dès l'instant où l'on passe à l'âge adulte.
Désormais incarné par l'inexpressif Hayden Christensen, notre héros devient tout bonnement insupportable, un fat ne pensant qu'à sa pomme et , disons le, , un peu benêt. Nous avons là un blockbuster pour ados lambda. Et si l'on pense fugacement à une éventuelle prise de conscience ("De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités", vous connaissez le refrain), il n'en est rien et l'absence de suites nous laisse dans le doute le plus complet.
De son côté, le scénario enfile les séquences vaguement spectaculaires sans que l'on puisse prendre une minute pour souffler ou pour s'attacher un minimum à des personnages schématiques, affreusement mal écrits et totalement incohérents dans leurs réactions, à l'image d'une héroïne visiblement peu surprise de voir débouler dans sa vie notre héros porté disparu depuis huit bonnes années. Rien ne fonctionne dans le script, que ce soit la mythologie (trop brumeuse), le déroulement ou une romance désespérément plate et non crédible, nous donnant l'impression de voir le résumé d'une saison entière.
La mise en scène de Doug Liman offre quelques plans intéressants servie par des effets spéciaux pas agréables (çela dépend des scènes) mais souffre d'un montage chaotique, pas toujours lisible. Le casting, quant à lui, achève d'enterrer un film déjà fort moyen : Samuel L. Jackson cachetonne, Jamie Bell est venu se fendre la poire sans se fouler ; quant à Rachel Bilson , certes mignonne mais cruche, elle est incapable de jouer juste une seule minute.
Pas grand chose à retenir de ce premier volet d'une saga avortée, qui partait sur une idée amusante mais qui ne parvient jamais à aller plus loin qu'un délire régressif et frénétique, écrit avec des moufles et rapidement oubliable.