A 15 ans, durant les vacances d’été, 3 jeunes filles n’ont rien d’autre à faire que d’explorer les sentiments et d’aller vers « les premières fois ».
Séance de rattrapage après « Tom Boy » sorti au printemps 2011. Au cours de ce film, j’avais découvert Céline Sciamma et son talent pour filmer avec distance l’éveil à la sexualité d’enfants. Avec une caméra toujours distante, à hauteur d’enfant et des plans excluant le plus possible l’adulte. Ebloui par son côté novateur pour rendre avec pudeur les sentiments, voir son premier film célébré de nombreux prix était une évidence… Donc visionnage de « Naissance des pieuvres ». Là, Céline Sciamma déconstruit totalement le teen movie traditionnel souvent truffé de clichés pour nous faire plonger dans toute la complexité de l’âge ingrat avec une caméra très distante. La trame narrative est très fine, quasi inexistante. L’objectif est, par touches successives, de nous plonger dans toute la complexité du monde des ados. Son parti pris, audacieux, est d’exclure l’adulte et de ce concentrer sur ces 3 jeunes filles : aucun adulte présent à l’écran, peu de garçon,... Le postulat de départ est donc l’adolescence chez les jeunes filles d’aujourd’hui. Et là, elle fait un film référence comme « L’argent de poche » ou « Les 400 coups » de Truffaut en leur temps. Ce film est une grande réussite comme le « Et toi t’es sur qui ? » de Lou Douillon. L’essence des sentiments restituée sans artifice : aucune musique racoleuse, aucun trait prononcé, l’angoisse de la norme chez les ados,… tout y est.
Un regard, un ton, un univers : Céline Sciamma, en deux films, figure déjà parmi les grands réalisateurs de son temps. Pour son 3ème film, elle va tout de même devoir changer de sujet ; le tour de la question a été joliment réalisé.