Avec Little Odessa, James Gray vient là nous livrer déjà un film majeur pour ses premiers pas sur grand écran.
Drame familial plus que polar sur la mafia russe comme le film est souvent vendu, le jeune cinéaste de moins de 30 ans a l'époque aborde des thèmes qui lui seront cher tout au long de son parcours cinématographique : la relation père-fils, la relation fraternel, l'homme bannit de sa famille...
Pour ce faire il met en scène une famille russe, qui s'en sort comme elle peut, avec au milieu cette maman mourante, ce père qui veut protéger sa famille mais qui semble perdu voir impuissant, et ce petit Reuben qui a du mal à s'y retrouver au milieu de tout ça, en particulier depuis le bordel que son grand frère, de retour dans son quartier d'origine alors même qu'il y est bannit, vient occasionner.
Joshua, incarné par un Tim Roth dans l'un de ses plus grands rôles, est un homme qui au fond de lui veut faire le bien, mais qui ramène en même temps toujours le mal. Il retourne dans son quartier d'origine, mais pour tuer quelqu'un, il va voir sa mère mourante mais sur le chemin il se tape avec son père, il passe des moments avec son petit frère Reuben mais il l'initie malgré lui à la violence de la rue.
Une violence qui est d'ailleurs la façon numéro une de s'exprimer pour Joshua, que ce soit avec son père, sa copine ou ses victimes. Cette violence n'est jamais montrée de façon jouissive, ni même "gratuite", elle est sèche et impitoyable.
Ce qui caractérise aussi ce film c'est sa froideur. C'est sans aucun doute l'un des films les plus froids et triste que j'ai pu voir, pas une once de bonheur, pas un sourire, pas un espoir, ça ne peut pas bien se finir (et ce ne sera pas le cas).
La faute à une réa glaciale, tout comme le contexte qu'il y a autour, à savoir un hiver New Yorkais, dans un quartier qui a lui seul est un personnage à part entière (l'ntrigue mafieuse lui donnant une image très noire), ainsi que les relations mise en place. James Gray c'est l'archetype du cinema sans fioritures, rien de superficiel, très peu de musique, mais quand elle est présente elle est fort bien utilisée. Il garde aussi toujours une certaine distance envers l'histoire qu'il raconte et ses personnages. Pour autant on ressent fortement quelque chose de très personnel dans l'approche et dans les sujets qui sont traités.
Le choix de scène est parfait, pas une n'est dénué de sens ou d'intérêt, chaque dialogues est évocateurs, et surtout tout est placé au meilleurs des moments, même les événements les plus tragique.
Parce que oui, on va le voir dès ce Little Odessa et au moins dans 2 ces projets qui suivront, James Gray est un amoureux de la tragédie. Et qui dit tragédie dit mort, inévitablement. Il faut s'attendre à voir ses personnages en prendre plein la gueule, mourir même, et dans des scènes magnifiques pour la plupart, comme ce dénouement sordide qui vient nous asséner un ultime coup de massue.