Il y a neuf ans que Jacques Maillot n'avait plus tourné pour le cinéma après "Nos vies heureuses", sélectionné en compétition au festival de Cannes 1999. Aujourd'hui, il n'a donc plus aucune excuse pour défendre les défauts de son nouveau film, "Les liens du sang". On sent pourtant que le fond est excellent, avec des airs de fresque familiale, certes déjà vue puisqu'il s'agit de l'énième reprise du thème des frères aux chemins divergents (récemment vu d'une manière inoubliable dans "La nuit nous appartient" de James Gray), d'une assez belle densité scénaristique. Jacques Maillot prend son temps, aidé par deux acteurs au jeu plus profond que d'habitude, et desquels il tire le meilleur (Cluzet passe bien au-delà de ses mimiques gênées, Canet gère mieux son timbre nasal), décrit d'abord avec une certaine finesse la rédemption du truand fraîchement sorti de prison, sa réinsertion sociale, la manière dont il se réadapte humainement et dont il gère les relations familiales, puis, au bout d'un certain temps, envoie la sauce du gangster-qui-ne-peut-pas-s'empêcher-de-buter. Dans la mise en scène, retro et crue à la fois (on sent la précision du détail qui se confronte au petits problèmes de tournage : une Renault Scénic, alors peu à la mode à l'époque, pointe son nez malgré la présence d'un fourgon 70's qui fait de son mieux pour la cacher), au cadre mobile et saccadé avec une certaine technique, le film tient en haleine, malgré le manque de longs plans fixes pour apaiser la série de mouvements et la vivacité du montage. Pourtant, malgré la sincérité évidente qui ressort du scénario, fouillé et parfaitement construit dans ses étapes, le réalisateur peine à nous emmener jusqu'au bout ; à force de jouer de l'attente, de retarder constamment les étapes, et de déjouer les formalités de montage, le film patauge dans une certaine mollesse de récit. A vouloir innover, Maillot ne fait que ralentir un film qui, au final, manque de panache et de larmes. Et c'est bien une impossibilité