"Leon" est un grand film. Peut être même le meilleur de la filmographie de Luc Besson. Enfin, de l'ancienne, celle d'avant les années 2000, mais j'y reviendrai plus tard avec d'autres critiques et dans une sorte de rétrospective. Surement le plus important de toute sa filmographie après "Le Grand Bleu" et aux côtés du "Cinquième 2lément" et de "Nikita". Parce que ce film, il est magnifique. Réellement, je n'exagère pas et pèse bien mes mots, ne vous inquiétez pas. Alors, je ne sais pas si vous l'avez vu, mais franchement, qu'est-ce qu'il envoie du lourd, ce film! Je ne m'attendais vraiment pas à ça, pensant tomber sur un autre film d'action à la "Nikita", qui est, il faut l'avouer, vraiment très bon. Sauf que non, bien sur, je me trompais. Non content d'avoir épaté tout le monde avec son "Grand Bleu", que je n'ai pas encore vu, sa durée m'ayant longtemps pétrifié, et d'avoir installé son style aux yeux du grand public avec sa "Nikita", le mec envoie tout valser et nous envoie un nouveau coup de poing en pleine gueule. Sans déconner, "Léon" est littéralement un film coup de poing ( tout du moins dans le sens où je l'entends ). Bluffant, entrainant, violent et déprimant, toutes les sensations y sont pour en faire un divertissement inoubliable et unique, terriblement triste et incontestablement magnifique. Parce que Besson, à cette époque, avait tout compris sur le cinéma et comment fournir du plaisir aux spectateurs. Loin de "Malavita" ( je n'ai pas encore vu "Lucy", donc je ne me prononcerai pas sur ce qui ressemble à un retour aux sources ), plus près de John Woo que d'un Yes Man, il nous livre une sorte d'oeuvre de toute une vie, son chef-d'oeuvre à lui, personnel et novateur, comme l'était "Nikita" en son temps. Fort d'une mise en scène impressionnante de maîtrise et de beauté, monsieur Besson nous offre ce qui pourrait être considéré comme le film d'action français de tous les temps ( ceux déja passés, j'entends ). Et justement, pendant les 1h45 du tout, je ne me suis jamais dit : "Arrrgh, ça sent le french ciné, toutes ces conneries!!". Au contraire, je me croyais carrément devant l'un des meilleurs métrages américains du moment, avec les explosions, les morts et les effets spectaculaires qui vont avec. Et c'est principalement "Léon" qui m'a le plus fait me dire que Besson était notre John Woo français, un réalisateur novateur et constamment en avance sur son temps qui, sans jamais se répéter, nous proposait une expérience nouvelle à chaque film, loin des clichés et autres stéréotypes récurrents dans le cinéma moderne. Certains trouveront surement ce que je dis complètement abusé ou ne serait-ce que faux, mais pour moi, Besson, avant, c'était du cinéma d'auteur, même quand il nous sortait des métrages d'action ou de science-fiction, innovant à chaque fois un peu plus qu'avant, passant d'un personnage charismatique et sans peurs ( Léon ) à un autre bien plus banal et héroïque ( Bruce Willis dans "Le Cinquième élément", qui constitue encore l'un des meilleurs films de Mister McClane ). Beaucoup n'apprécient surement pas ce réalisateur, mais force est de constater que quand vous vous mattez un de ses films faits dans les années 90, vous ne pouvez plus nier qu'il avait un talent fou. Et justement, ce mec, il fait partie du trio des génies gâchés. Mais j'en reparlerai en d'autres temps. Et si Léon est si unique et attachant, c'est surtout du fait de son interprète. En effet, Jean Reno trouve le rôle de sa vie, loin devant Godefroy de Monmirail, apportant son charisme et sa personnalité à un rôle déja bien consistant. Il fait d'un tueur professionnel, un nettoyeur, plus précisément, un homme touchant, fort d'un humanité qu'on ne lui aurait jamais attribuée. Sauf que bien sur, pour que Léon "brille", il ne doit pas être seul. Et c'est à une toute jeune Nathalie Portman qu'incombe la lourde tâche d'interpréter sa fille "spirituelle", nous livrant l'une des plus belles histoires "père/fille" que j'ai pu voir. Elle est vraie bonne pour le rôle, s'avérant à la fois drôle et touchante, parfaite pour prendre la relève. Mais celui qui ressort le plus, encooore une fois, c'est bien entendu Gary Oldman. Alors lui, je l'ai vu pour la première fois dans la trilogie "Batman" de Nolan, et je viens tout juste de le redécouvrir dans "Le Cinquième élément". Et quel acteur, sans déconner! Doué, impliqué, doué, carrément habité, le voir jouer le gros psychopathe, c'est un peu comme de voir Heath Ledger interpréter le Joker : c'est un vrai régal ! Et c'est un peu un Heath Ledger avant l'âge. Il est fou, et nous offre un personnage fascinant et vraiment attachant, chose rare pour un bad guy. Je voulais carrément qu'il survive, bien plus que Léon, en fin de compte. Il n'a pas à rougir de la comparaison avec sa prestation dans "Le Cinquième élément", se montrant un poil différent mais toujours aussi déglingué dans sa tête. Et comme à son habitude, c'est L'acteur du film. En tant que référence, il est vraiment amusant d'apercevoir, à de nombreuses reprises, la série télé ( le dessin animé ) Transformers, dont Portman est dingue. Et puis, "Léon", c'est aussi l'enchainement de scènes toutes plus cultes les unes que les autres. Le meurtre de la famille est horrible, violent et brutal, il te colle littéralement au siège. La séquence du parc est aussi surprenante que drôle et bien filmée, autant que celle des imitations, la meilleure du film, simplement énorme et délirante. Et ce sont ces petits instants de déconade bien placés qui font que le film ne se prend pas totalement au sérieux et rend les personnages vraiment attachants. Et puis la fin... Non mais la fin!!! Qu'est-ce qu'elle est belle! Unique. Filmée magistralement, avec la caméra qui mime la mort, originale, d'une finesse rarement égalée et jusque là jamais vue, suivant une scène d'attaque angoissante, nerveuse et maîtrisée à la perfection, elle est émouvante et terriblement triste. Du jamais vu. Un authentique chef-d'oeuvre.