Léon est un métrage admiré de Luc Besson, parfois (souvent) considéré comme son meilleur. Même si je lui trouve un intérêt, et qu’il a une certaine originalité, je ne peux pas dire que ce soit un chef-d’œuvre non plus.
Le casting est mené par Jean Reno, lequel, acteur pas forcément réputé pour être redoutable d’expressivité, trouve un rôle sur mesure pour lui ici : celui d’un tueur avec le sens de l’honneur taciturne et illettré. Bon rôle, et un acteur charismatique qui porte ce personnage avec force. Face à lui, une Nathalie Portman à ses débuts qui convainc, et impressionne déjà par un jeu d’une évidente maturité. Entre eux, Gary Oldman, le méchant de service. Honnêtement, j’aime bien l’acteur, mais ici il en fait un peu beaucoup quand même. Il sera meilleur et plus en équilibre dans le 5ème élément du même réalisateur. Ici on cabotinage pourra agacer, et il incarne par moment ce qui sera le cliché des productions Besson : un flic tellement pas crédible que le métrage perd en force.
Le scénario est moyen. Certes, d’un côté il y a de bonnes idées, et le fait de confronter ce tueur avec cette petite fille est intelligente, et permet quelques séquences fortes. Néanmoins, Léon reste convenu, facile parfois, avec un rythme un peu inégal, une narration pas très fluide. Je crois que le film est en vérité un peu court, d’une pour raconter une rencontre, de deux pour narrer leur rapprochement, de trois pour créer le dénouement. On a d’ailleurs le sentiment que Besson ne maitrise pas totalement la temporalité de son film. Pour autant, la recette Besson est là, et l’efficacité de son film parait souvent évidente : action, nervosité, touche d’humour (pas toujours très subtile, tout comme l’émotion). Dommage que certaines idées plus sombres, comme une « histoire d’amour » entre Léon et le personnage de Portman n’ait pas été plus dégrossi, ça aurait donné plus de profondeur à un film qui reste de trop à la surface.
Sur la forme, le métrage bénéficie de la solidité de Besson dès lors qu’il faut orchestrer de l’action, ou des séquences fortes. Si le réalisateur a tendance à faire un peu dans la grandiloquence, force est de constater qu’il a un sens réel de l’image, et qu’il peut faire quelques morceaux de bravoure au milieu d’un métrage scénaristiquement plus faible. Bonne bande son aussi, ambiance volontiers poisseuse, Léon s’avère esthétiquement intéressant sans être non plus mémorable.
Pour ma part, je comprends qu’on puisse aimer le film, mais Léon n’est pas assez subtil, fort, intense pour sortir du lot des bonnes séries B de l’époque. Besson ne lésine pas devant une certaine grandiloquence qui frôle parfois le ridicule. Dommage. 3