Léon est un personnage attachant, humain, émouvant et enfantin. Qui mieux que Jean Reno pouvait interpréter ce rôle ? Après avoir vu le film, on se le demande. Le rôle lui va comme un gant et l'acteur nous impressionne et nous émeut. Léon est un type un peu naïf, un peu bête mais pourtant discret et efficace. Il dort assis sur son fauteuil avec ses lunettes de soleil rondes, sort sa plante sur le rebord de la fenêtre tous les matins pour qu'elle profite de la lumière, passe son temps l'oeil rivé sur son judas. Mais il a un métier dans la vie : il est nettoyeur. Au service d'un italien, Tony, il est payé pour tuer des gens et il faut dire qu'il est doué pour ça. Cet argent, il n'y touche jamais, se contentant de faire son travail et de mener une petite vie de solitaire, tranquillement dans son appartement en buvant du lait. Il boit du lait, est obligé de demander à son patron pour avoir de l'argent de poche, bref : il est comme un grand enfant et ça le rend touchant. Jusqu'au jour où il va prendre sous son aile une jeune fille, Mathilda. C'est la fille des voisins de palier. Une jeune fille gentille, qui est plus mûre que la normale à cause de sa famille qui ne s'occupe absolument pas d'elle. Gamine responsable, c'est en revenant des courses qu'elle découvre que ses parents viennent de se faire entièrement zigouiller pour un problème de drogue par Norman Stansfield. La tête sur les épaules, elle ne trouve qu'une seule solution : faire semblant de ne pas habiter là et aller sonner en pleurs à la porte de Léon. Celui-ci qui lui ouvre quand même la porte et regrettera presque de l'avoir fait. Tout du moins au début. S'ensuit alors un climat assez amoral mais plutôt dingue, et c'est ce qui fait le charme du film. Tout d'abord, la jeune fille avoue qu'elle se fout complètement de la mort de ses proches à l'exception de son petit frère qui, lui, ne l'avait pas mérité. Sa soeur la détestait, sa mère n'était pas sa mère et son père la frappait régulièrement. C'est donc en Léon qu'elle va trouver un vrai allié et entretenir une relation à la limite entre père/fille et amoureux en cavale. Elle demande à son protecteur de lui enseigner le métier de nettoyeuse afin de pouvoir venger la mort de son petit frère, en échange de faire le ménage chez lui et de lui apprendre à lire, ce qu'il finit par accepter. Et il va naître une véritable amitié/amour entre les deux personnages, une complicité et un attachement qui rendent le film passionnant (une relation parfois même ambiguë, lorsque Natalie Portman joue la lolita mais ça ne choque pas plus que ça). Le duo fonctionne à merveille et le film est clairement dramatique d'un bout à l'autre. La petite Mathilda est donc incarnée par Natalie Portman qui signait là son tout premier rôle à l'âge de 12 ans, et bon diou quelle actrice ! Vraie révélation, elle ne cesse de m'épater et c'est sans aucun doute l'une des mes comédiennes préférées (ses rôles dans V pour Vendetta et Garden State sont marquants). Dans tous ses rôles, elle est capable d'amener de la douceur mais surtout (et c'est pour moi ce qui la caractérise) de dégager une force émotionnelle impressionnante. Toujours poignante quand il le faut, son regard suffit à faire ressortir quelque chose d'incroyable. Et même à 12 ans, dans un rôle extrêmement mûr et complexe pour son âge, elle s'en tire avec une classe pas possible (un début de carrière hallucinant qu'on pourrait comparer à DiCaprio, qui m'a également impressionné avec un rôle difficile dans Gilbert Grape à ses débuts). Et puis bien sûr, le génial Gary Oldman. Un acteur qu'on ne voit pas assez, je trouve. Amoureux de musique classique mais un brin nerveux, il campe encore un méchant (je dis "encore" car je pense bien sûr à son rôle de Zorg dans Le Cinquième élément, à croire que Luc Besson ne le voit que dans des rôles de bad guys). Tout simplement parfait, notamment lors de la scène de "confrontation" avec Mathilda dans les toilettes, où les deux acteurs sont au sommet, et au début du film lorsqu'il nous parle de Beethoven et Mozart. La palme des acteurs est néanmoins pour Natalie Portman (oui je me répète mais quelle prestation !). Elle est époustouflante et son duo avec Jean Reno est totalement prenant, culte et intéressant. Il apporte son lot d'humour, mais surtout d'émotion avec du drame, vraiment beaucoup de drame. On peut d'ailleurs saluer Eric Serra, le compositeur, qui a fait là un boulot monstrueux. Que de scènes magnifiques, je ne me rappelais pas qu'il y en avait autant. Une musique qui impose une ambiance à la fois sombre, triste, dramatique, ça fait son effet et pas qu'un peu. Mais comment ne pas également parler de la musique du générique de fin, Shape Of My Heart, interprétée par Sting et qui nous garde ancrés dans l'atmosphère du film jusqu'à la toute fin. Bref, une vrai petite merveille que ce film qui nous emplit de frissons. Il nous réserve en prime un final grandiose, émouvant et très sombre (un côté presque déprimant). Un très grand film.