"Kingdom of Heaven" réunit dépaysement, batailles gigantesques et casting de choix. Nous retrouvons entre autre Jeremy Irons, Liam Neeson, Eva Green et dans le rôle principal, Orlando Bloom, ex-Elfe, ex-pirate, ex-Troyen, que la barbe de trois jours et les cheveux au vent transforment en sosie d'Aragorn. "Kingdom of Heaven" sur le papier comme à l'écran est une bonne grosse production, qui s'est donnée les moyens d'être soignée, prenante et divertissante.
Ridley Scott est avant tout un homme qui aime les imageries et les plans marquants. De fait, le moindre mouvement prend sous sa caméra une dimension épique, où se mesure le courage, la vaillance, la passion et le rictus de dédain face à une mort rapide. Quitte à en rajouter, pour le plaisir du spectateur, à l'image de cette escarmouche où un Allemand vigoureux, une flèche en travers la gorge, prendra le temps d'étriper sauvagement trois malandrins avant de rendre le dernier soupir. Tout le film baigne dans cette atmosphère, dans cette volonté farouche de magnifier l'instant présent. Le sang ne gicle pas autrement qu'en gerbes classieuses, soulignées par un beau ralenti, les bombardements à la catapulte lancent des pierres enflammées dans la nuit, la musique judicieusement choisie transforme le tout en ballet tragique. Les batailles quant à elles, peu nombreuses mais bien disséminées, sont plutôt bien fichues, souvent filmées dans un style documentaire pris sur le vif qui peut rebuter, mais ont le mérite d'être lisibles.
"Kingdom of Heaven" est un bon exemple de grand spectacle qui n'oublie pas d'être intelligent. Il y a bien une ou deux sautes de rythme et quelques incohérences, mais la maestria des images et le propos du film ne peuvent que les faire oublier au profit d'un bon souvenir. Quand à Orlando Bloom, à l'aise en fils prodigue, il prouve ce qu'il est : un acteur plein de talent.