Mouais! Encore un film qui, sous prétexte d'incorrection politique supposée, a recouvert d'un mirage de bonne conscience le strass et les paillettes de Cannes. Certes, «Elephant» (2003) est très intelligemment réalisé. La superbe photographie, le montage recherché, la gestion du temps méritent qu'on s'y arrête un instant. Mais le propos est décidément trop ténu. Gus Van Sant cherche sans plus à nous faire ressentir la terreur que l'on éprouverait en pareille occasion. Et, lors d'un premier visionnage, ça ne fonctionne pas trop mal! Mais rien ne s'émousse plus vite que l'émotion. Et celle-ci passée, que reste-t-il? On nous certifie que le réalisateur n'a rien voulu expliquer, qu'il se contente de montrer les faits. Pourtant, je n'ai pas eu la berlue: on voit bien Alex et Éric tuer le temps avec un jeu video «violent» (aaaaah la belle affaire!) et, le fin du fin, regarder un reportage sur Hitler et le nazisme (mmmh la trouvaille!). Si ce n'est pas là de la psychologie de café du commerce, je veux bien être transformé en potiron. Les USA, terre de naissance du behaviorisme, n'ont que très rarement été un paradis pour le cinéma introspectif, mais on dépasse ici toutes les limites. Que reste-t-il alors, une fois le taux d'adrénaline revenu à la normale? Un beau bibelot un peu creux voué à la contemplation gratuite, ce qui, vu le contenu, n'est pas sans me mettre mal à l'aise. Il y avait décidément beaucoup mieux à Cannes en 2003...