Film bouleversant, d'autant plus qu'il prend le temps d'expliquer, de raconter et de comprendre le mal-être que vit le personnage principal. Ce film ne s'étend que sur une durée de moins de 24 heures (mises à part les scènes en flash-back et celle d'ouverture), où toute la vie de cet homme nous est livrée avec un dramatisme sans égal. Petit à petit, l'on comprend que Monty vit dans la peur, le doute, la suspicion et l'immense regret d'avoir foutu sa vie en l'air, dans ce monde où sa famille n'est plus, ses amis sont distants, désintéressés, sa relation amoureuse en manque de confiance. Monty a gâché sa vie, Monty a perdu son temps, il s'est fait pincé, il va la payer. Dans cette dernière nuit où tous sont réunis, il fait enfin le clair dans sa vie, dans ses relations, sans pour autant oublier les 7 ans de prison à venir, l'angoisse d'avoir à vivre dans la peur, la douleur et l’oppression. Monty devient conscient de qui il est, d'où il vit, dans quelle société il est né (grande scène du miroir) et doit faire face à ses responsabilités, la boule au ventre. Ce père enfin qui n'a jamais été là lui propose l'impossible, le plus fou, l'échappatoire auquel il n'avait pas pensé jusqu’à se faire tabasser par ses propres amis, instables, désorientés, tout aussi mal dans leur peau que lui. Spike Lee réalise une fable philosophique, existentielle, lancinante, pesante au gré d'une mélodie signée Blanchard qui nous rappelle les belles heures de Morricone, dans cette brume matinale de Manhattan, où Monty, accompagné de son fidèle ami, ce pauvre chien à moitié crevé, réchappé de la mort, vit ses derniers instants de liberté comme le clavaire d'une vie vécue et à vivre.