Vu les notes de la presse et des spectateurs je m’attendais à un chef d’œuvre du 7ème art, une dénonciation costaud d’un fait de société, un film culte à montrer à tous et de tout temps, bref une œuvre intemporelle et géniale qui dépasse toutes les productions passées, présentes et futures allègrement (c’est à peu près le résumé des critiques). Sauf que je pense que ce statut culte aveugle pas mal de gens, et la presse étant toujours plus prompte à se ranger à l’avis général…
Honnêtement : c’est chiant. Oui désolé c’est chiant, mou et long, surtout la 1ère moitié du film où il ne se passe pas grand-chose. Je veux bien qu’il faille planter le décor, la situation, lancer la psychologie des personnages et l’histoire, mais pendant 1h10 ça montre la lenteur de la construction. L’histoire justement, si on doit relever les temps forts, les moments où ça avance, ben on se rend compte qu’il n’y en a pas des masses, on surfe plus sur les cas clinique et les vicissitudes de l’institution. On peut arguer du fait que ça fait un peu documentaire du coup ; et c’est vrai, les asiles de l’époque étaient, à peu de choses près, semblables à celui-là, sauf que là n’est pas le propos. La dénonciation de la lobotomisation est certes là mais trop succincte pour exister vraiment, de même que la déshumanisation de ces gens différents est trop passée sous silence. Le personnage central ne l’est pas tant, on est plus sur son groupe qu’autre chose. Du coup, il a du mal à exister, malgré la performance extraordinaire de Nicholson (en même temps vu sa vie jouer les fous c’est sa nature, mais oscar mérité). A trop diviser les focus on ne suit personne et on n’approfondit encore moins.
D’ailleurs cette histoire, niveau réalisme, me gène. En effet :
pourquoi enfermer un multi récidiviste violent, alors qu’il a toute sa tête et son raisonnement, dans un asile avec des gens dérangés mais volontaires pour se soigner ? Il risque plus d’être le ver dans la pomme qu’autre chose. En plus on voit tout de suite qu’il feint pour éviter la prison. Ensuite pourquoi se laisse-t-il faire ? Pourquoi il ne s’enfuit pas plus tôt ? Pourquoi finalement s’endort-il comme un rien à la fin ? Pourquoi les filles ne l’aident pas tant que ça ? Pourquoi sont-elles si dévouées ? Comment le gardien se fait-il avoir si facilement, n’endigue pas la situation (ce n’est pas si compliqué), et ne prend pas les mesures pour que tout s’arrête avant de s’endormir subitement (ça arrange bien les scénaristes d’ailleurs) ?
Certes rien de primordial là dedans, mais pour un chef d’œuvre c’est dérangeant. Tenez, même dans les dialogues ça coince : personne ne sait vraiment comment fonctionne l’établissement (la peine de Jack par exemple, ou le règlement), l’Indien ne parle jamais, l’infirmière chef réagit bizarrement (pas de façon sensée dirons-nous), sans parler du directeur…
L’ensemble est lent, ça se traine, pas mal de longueurs, donc c’est loin d’être passionnant mais la trame est inhabituelle donc ça ne lasse pas. La mise en scène est assez classique (il faut écarter le sujet de la discussion pour s’en rendre compte), la zic est au mieux passable (mais elle s’oublie vite) au pire agaçante comme au début et à la fin. Le casting est génial par contre : Christopher Lloyd, Danny De Vito, Jack Nicholson et son acolyte de Shining alias le gardien dans les 2 cas, tous jouent bien leur type de fou particulier mais dont on n’exploite pas assez le talent (Lloyd par exemple est sous utilisé). On parle sans cesse d’une bataille mémorable et incroyable entre Mc Murphy et l’infirmière chef, mais cela ressemble plus à 2-3 petites oppositions de points de vue, toujours très soft (sauf à la fin bien sur), donc pas si grandiose que ça non plus. Quant à l’oscar pour la chef là… faudra me dire ce qu’elle fait d’exceptionnel pour le mériter, pas de concurrence cette année là ?
Néanmoins notons que la fin est magnifique, très appréciable et belle même si elle est devinable. Les buddy movies marchent toujours très bien, mais là c’est trop spécial et alambiqué pour en faire le chef d’œuvre tant décrié.