Bon alors, je veux bien essayer parfois de comprendre la vision très Allociné du « on en met pas zéro juste pour le prix de la bobine », mais dans le cas de films comme celui-ci, le concept pour moi rencontre clairement ses limites. Alors oui, on pourra toujours dire que le film fait le métier en garantissant son déluge d’explosions, de cascades, de fusils laser et de robots en pagaille, mais bon… Au bout d’un moment il faut aussi savoir de quoi on parle. Quand on me conseille un bon resto en m’indiquant que son foie gras est excellent, je ne m’attends pas à ce qu’on me serve huit tonnes de foie coulées dans autant de tonnes de graisse. Là, on parle quand même de « Terminator ». C’est une saga culte, une franchise qui – dans les années 1980 et 1990 – était un gage d’une certaine qualité dans les domaines de la science-fiction et de l’action. Moi, quand je vais voir « Terminator », je ne m’attends pas à ce qu’on me serve huit tonnes de robots coulées dans autant de tonnes d’effets numériques. Pourtant, après avoir vu ce « Genisys », il semblait bien que se trouvait là tout le postulat d’Alan Taylor – encore un Yes Man ! – et qu’il n’avait RIEN d’autre à proposer. Or, ça, pour un « Terminator », c’est juste un véritable scandale. Je n’étais déjà vraiment pas fan des épisodes 3 et 4, mais celui-là, pour moi, pousse le cynisme encore plus loin. Aucune créativité dans ce film : on est dans le simple listing absurde du fan-service. En gros, toute la première demi-heure, c’est le best-of de « Terminator 1 » et « 2 ». Les scènes de guerres futuristes à gros coups de lasers fluos ; les apparitions du T-800 et de Kyle Reed reproduites à l’identique ; les transformations mythiques du T1000… Rien de neuf, tout a été vu. Et si encore c’était fait avec le même soin de mise en scène et d’écriture que les premiers, mais même pas. Là on a décidé de nous lisser la même intrigue qu’on connait déjà (oui oui, mais vraiment la même !) sauf que pour le coup, on boursoufle le tout avec plein d’effets numériques partout (et d’ailleurs incroyablement laids : même ça ils ont réussi à le louper) et surtout le tout émaillé de dialogues inconsistants tenus par des acteurs sans substance (
Ah ! Cet échange entre John Connor et Kyle Reed où l’un s’imagine en train de siffler une bonne bière tandis que l’autre se voit pénard dans sa petite maison. Un must d’écriture
). Mais bon, il a fallu que l’horreur ne s’arrête pas à cette seule démarche. Après avoir violé les deux opus phares de la saga, ce « Genisys » a cru bon de rajouter sa couche d’ignominies, comme T3 et T4 avaient su si bien le faire avant lui. Mais alors là attention. On n’a pas mis les gants ! Et vas-y que je te prends un gros boui-boui d’univers parallèles, de souvenirs d’un passé-futur résurgent, d’espaces-temps révolus, de champs quantiques (si si) et autres fusions cellulaires, et je t’en fais une mélasse qui n’a strictement aucun sens, mais qui est sensé justifier plein de trucs qu’ils voulaient nous mettre à l’écran comme :
l’existence d’un Schwartzy vieux ; une baston entre Schwartzy vieux et un Schwartzy jeune en images de synthèse ; des scènes d’ombres chinoises avec les formes d’Emily Clarke ; plein d’explosions ; des fusillades ; des fusillades en hélicoptères (mais si !) ; des hologrammes super futuristes ; et une nouvelle manière d’éviter le Jugement dernier même si le prochain Terminator nous apprendra certainement que ce même Jugement dernier n’a pas été évité. Non mais franchement je vous jure ! On croirait l’intrigue de Zelda ce truc tellement c’est répétitif !
Honnêtement, ce qui m’écœure, c’est qu’il n’y a absolument aucun respect pour la franchise. On nous sort le même réalisateur que celui qu’on aurait choisi pour n’importe quel autre blockbuster écervelé, on nous pond le même scénario avec les mêmes absurdités à la mode, les mêmes trous d’air, les mêmes dialogues écrits par des enfants de six ans (
les propos sortis par Skynet : aucune ligne de potable. « Vous ne pouvez pas m’échapper… Vous les humains vous prétendez défendre la paix… » On est au même niveau qu’Ultron dans Avengers 2 ! C’est navrant !
) ; à cela on y ajoute la même bouillasse numérique ; les mêmes scènes d’actions surfaites ; le même humour débile ; les mêmes romances vaseuses ; jusqu’au casting qui, lui aussi, touche les bas-fonds (Schwartzy se limite franchement au guest qui vient prendre son chèque ; Jay Courtney se contente juste de faire le bodybuilder au torse joliment rasé, Emily Clarke montre de son côté toutes les limites de son jeu d’actrice, quant à J.K. Simmons, on nous l’a ici réduit à un rôle de bouffon à la Joe Pesci dans « l’Arme fatale 3 »). Franchement, ce film, c’est plus qu’une bouse, c’est carrément du vandalisme. Et quand ce film ose nous ressortir les quelques notes mythiques de Brad Fiedel en guise de générique de fin, après avoir osé commettre ça, j’ai failli allumer un cocktail Molotov et le balancer sur l’écran. Ce film c’est un scandale. Pire, c’est une honte pour tout Hollywood…