Très moyen. Six années ont passé depuis le détesté, mais sympathique, Terminator Renaissance. Voici venu le temps de renouer avec les sources de la saga en proposant une suite plus directe là où l'on s'était arrêté. La mission est confiée à Alan Taylor a qui l'on doit Thor 2, dévoilant un titre qui en fait rire plus d'un : Terminator Genysis. Alors, que vaut cette suite au titre si mal orthographié ?
Le scénario veut jouer la sécurité en multipliant les références aux fans les plus difficiles à convaincre. Exit les idées saugrenues de T3 et TR, le film nous plonge dans un univers post-apocalyptique très proche des codes de franchise. Calculé comme une boucle indéfinie, on suit pas à pas l'évolution de personnages qu'on connait très bien : Kyle Reese au côté de John Connor. Propulsé dans le passé afin de changer le futur, Kyle se rend très vite compte que la donne a totalement changé. Inutile d'y aller par quatre chemin, mais le film ne fait quasiment aucune fautes pendant une bonne demi-heure. Jouant sur la nostalgie en réitérant des moments cultes du premier opus, le film multiplie les clins d’œils et hommages en tout genre. Pas désagréable, le passé est vite modifié et permet de mélanger les styles et personnages issus des deux premiers opus. Mais un élément perturbateur vient changer toute la donne et le futur s'en voit modifié. Exit le jugement dernier, désormais on est en face d'une sorte de sous-produit de SF étrange qui ne convainc pas un seul instant. Les séquences s'enchainent avec lourdeur, le scénario se perd dans le passé/présent/futur en innovant, n'hésitant pas à bousculer les codes de la saga. Plus de Terminator, ni de Skynet, désormais la menace a évolué, et elle a beaucoup trop évoluée ! Brouillon, ce cinquième opus se voit donc très déséquilibré, balloté entre une premier partie intéressante et une deuxième décevante.
Le casting du film est très étoffé. La plus grosse attente, mais aussi la plus grosse déception reste Arnold Schwarzenegger qui semble ne plus du tout convenir pour le rôle. Pas à son aise, son personnage qui a évolué se rapproche beaucoup (trop ?) d'un humain. Côté satisfaction, Jason Clarke (La Planète des Singes l'Affrontement) est plutôt bon même si son personnage ne correspond plus du tout avec le John Connor qu'on connait. Emilia Clarke (Game Of Thrones) obtient le rôle clé de Sarah Connor, et il faut dire qu'elle parvient à tenir le rôle avec bravoure et envie. Jai Courtney (Die Hard 5) est plutôt bon même si, lui aussi, est très différent des autres acteurs qui ont incarné Kyle Reese. Enfin, on peut citer le sympathique Byung-Hun Lee qui, à défaut de faire mieux que Robert Patrick, reste très bon en T-1000. Les autres personnages sont sympathiques mais n'apportent pas grand chose à la saga à l'image de Dayo Okeniyi (T2) qui reprend son rôle de Danny Dyson.
Côté réalisation, le film s'en tire très bien. Les décors du futur sont excellents et respectent la vision post-apocalyptique de la trilogie (chose qu'avait renié Renaissance). Ceux du passé sont également très emprunt de nostalgie et jouent beaucoup dessus. Pas désagréable, la nouvelle version du futur déçoit tout de même par son côté épuré et impersonnel. On peut également regretter l'usage quasi constant de CGI alors que les précédents opus misaient sur des animatroniques/combinaisons... La bande son de Lord Balfe, qui s'est souvent illustré en tant que n°2 aux côtés d'un certain Hans Zimmer, restitue une bande-son sympathique et répondant aux attentes.
Les : une première partie excellente bourrée de clins d’œils, des acteurs assez impliqués, une réalisation et une BO intéressantes
Les - : mais une deuxième partie beaucoup trop éloignée des codes de la franchise (malgré son caractère original), le thème du voyage dans le temps n'est pas maitrisé, un antagoniste aux motivations obscures, un happy-ending un brin trop cliché, le pauvre Papy Schwarzy qui est à la ramasse.
Terminator Genysis est l'exemple parfait du film qui ne fait aucune faute pendant une bonne demi-heure avant de partir totalement en vrille. Prenant exemple sur X-Men Days Of The Future Past où l'on change le passé de la saga avec deux/trois coups de baguettes magiques, Terminator Genysis bouscule les autres opus pour réécrire la franchise à sa façon. Alan Taylor a sans doute voulu innover en changeant les codes. "La menace a changé" nous dit l'affiche, sauf qu'on ne veut pas d'une nouvelle menace, on veut du classique et on ne retrouve cela que pendant une première partie qui reste beaucoup trop courte par rapport au reste du film. Une suite décevante qui n'aura pas su jouer le rôle qu'on attendait d'elle. Dommage.