Attendu auprès des fans comme auprès du reste du public, la franchise Terminator fait enfin son grand retour avec ce nouvel opus intitulé Genisys, qui déjà bien avant sa sortie, laissait présager d'importants changements, l'émergence d'une nouvelle ère dans la grande saga de science-fiction, âgée de maintenant plus de trente ans. En effet, outre la sortie de ce cinquième film, la Paramount avait déjà annoncé qu'il s'agissait du premier opus d'une nouvelle trilogie, cette dernière prenant fin aux alentours de 2018. La saga se reprend sérieusement en main et vient même se coller à ses autres concurrentes directes, telles les X-Men ou encore l'univers cinématographique Marvel (Iron-Man, Thor et autres Avengers...). Un remaniement qui peut laisser songeur quant au fait que la saga initiée par James Cameron perd un peu de son identité si certifiée, d'autant que c'est Alan Taylor qui reprend les rennes à la réalisation, ce dernier ne s'étant que peu illustré avec la seconde adaptation du super-héros Thor.
De premier abord, ce nouvel opus n'élargit pas vraiment l'univers de la saga et se contente plutôt de modifier certains événements survenus au cours des quatre précédents films. Kyle Reese est envoyé dans le passé par John Connor pour protéger Sarah Connor et ainsi préserver l'avenir de l'humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Kyle se retrouve dans une nouvelle version du passé, au cours de laquelle Sarah est sous la protection d'un T-800.
Le synopsis semble d'ores et déjà se rapprocher du diptyque de Cameron. En effet, dans ces circonstances, le spectateur revit de manière inédite certaines séquences cultes du premier film dans leur quasi-exactitude. Un retour aux sources qui s'avère efficace et osé, permettant surtout une importante ré-immersion dans l'univers de la saga, la suite s'annonçant bien plus complexe. Il faut se rendre à l'évidence que la linéarité et une logique de transition qui régnaient dans les précédents films ne semblent pas être ici l'objectif. Bien au contraire, Terminator : Genisys livre une narration éclatée, répartie sur plusieurs époques, rappelant sans nul doute Retour vers le futur ou encore le dernier X-Men. Un genre en vogue ces temps-ci, laissant une liberté créative considérable, mais qui manque cruellement d'originalité pour qui connaît un minimum les valeurs fondamentales de la saga. Braver les limites de l'inconnu en modifiant le temps n'est guère signe de génie, mais reflète davantage de la facilité. D'autre part, ce nouvel opus mise grandement sur un second degré dans l'ensemble rafraîchissant, qui n'est pas sans rappeler Le Soulèvement des machines mais qui attendrit le tout, en oubliant que Terminator est avant tout une SF mature et dépressive... Le voyage dans le temps faisant l'essence même de toute la saga, attention ici à la surdose.
D'un autre regard, Alan Taylor a bien retenu l'aspect iconique du principal protagoniste et utilise à merveille ce cher Schwarzy, plus vieux et rouillé en T-800, conservant ainsi ses mimiques symboliques et ses séquences de haute voltige. En effet, le réalisateur fait preuve d'une impeccable fluidité entre scènes d'actions spectaculaires et rebondissements scénaristiques, supprimant ainsi tout signe d'ennui ou de lassitude chez le spectateur. Le spectacle est sans conteste au rendez-vous ! Reste quelques fautes de goût difficilement acceptables ("Papy", non merci !), parfois accentué par un jeu d'acteur dans l'ensemble assez convenu, orné de clichés pesants, en plus d'une composition musicale fort douteuse. Car si Taylor a su conserver l'image du T-800, il a véritablement peiné à utiliser correctement l'ensemble du casting, laissant cabotiner principalement Jai Courtney et Jason Clarke. Quant à Emilia Clarke, cette dernière s'en sort convenablement et, même si elle n'a pas l'étoffe de Sarah Connor, livre une prestation honnête par rapport à ce que laissait présager la bande-annonce.
Terminator : Genisys est donc le fruit d'un nouveau pas qu'a franchi la saga. Davantage orienté vers le divertissement, parfois même formaté, ce nouvel opus s'éloigne en partie de ses prédécesseurs, sans en avoir rejeté pour autant certaines valeurs irréductibles. Alan Taylor fait preuve d'attentions louables et remplit le contrat. Il livre un spectacle astucieusement dosé et prouve avec ferveur sa passion pour le travail de James Cameron, à tel point qu'il n'hésite pas à lui rendre hommage sur la première partie du film, même si la seconde manque légèrement d'ardeur au profit du "familièrement voulu". Entre retour aux sources et renouveau, Terminator : Genisys patine, se perd un peu, mais reste robuste.