Ken Loach a pour habitude de faire deux types de films : soit des fresques historiques qui mettent en avant son engagement de gauche, soit des films populaires décrivant la vie des classes sociales défavorisées en Grande Bretagne. Mais dans tous les cas, c’est ce contact si particulier avec le peuple qui est mis en avant, le refus de l’élitisme et la compromission. Des valeurs qui sont aussi celles du plus célèbre transfuge sportif de France vers l’Angleterre, Eric Cantona.
Un postier dépressif ne parvient plus à gérer sa vie, ses deux beaux fils un poil délinquants, son ex-femme dont il est toujours amoureux. Un soir de bières et de pétards, Cantona lui apparait. Et va l’aider à reprendre les choses en main. Le bande annonce et le buzz autour du film laissait présager une comédie un peu potache centrée autour du King. Il n’en est rien.
Ken Loach ne renie pas son cinéma social, à la fois tendre et dur. Le footballeur est bien présent, mais il n’est pas le personnage principal, même s’il en est l’inspirateur et le moteur. Sa présence permet au récit de décoller petit à petit, à cet homme qui a tout perdu de se reconstruire et de se battre contre toutes les tuiles qui lui tombent sur la tête. Cantona n’en fait pas des tonnes, il n’en a pas besoin. Doté d’une aura incomparable de l’autre côté de la Manche, il lui suffit de marquer par la pellicule par sa présence, son charisme, et de déclamer en français ou en anglais les proverbes en toc que le scénariste a inventé pour lui. Tendre, drôle, mais parfois aussi violent et même très dur, le film propose un mélange détonnant, entre la nostalgie du temps où le foot se vivait plus dans les clubs enfumés qu’à travers les contrats de stars milliardaires et la célébration des valeurs chères à Ken Loach : l’amitié, l’entraide, la confiance et a solidarité. Que Cantona déclare que son plus beau souvenir n’est pas un but mais une passe ne doit rien au hasard. Les vingt dernières minutes célèbrent de manière drôle et complètement inattendue la victoire de cette bande de pouilleux qui se sont sérrés les coudes, et terminent le film dans un élan d’optimisme assez irrésistible. Le mot de la fin est quand même pour le King : « Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est parce qu'elles pensent que des sardines seront jetées à la mer ». Royal.
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