La sortie d'Avengers provoquait la crainte de voir apparaître une grosse baudruche en forme d’appât pour fanboy, surenchéri de fantasmes geeks. Pourtant, le résultat final est d’autant plus appréciable qu’il échappe aux plus gros pièges qui lui étaient tendus pour tomber dans d’autres plus vicieux. Sans grande surprise, selon un point de vue purement narratif, Avengers ressemble à un tour de force. Cela pour une raison principale, Joss Whedon parvient plus que quiconque avant lui, rendant tous les prologues presque inutiles, à construire des personnages de A à Z. Des personnages plus que des héros d’ailleurs, bien qu’ils aillent clairement dans cette direction au fil des bobines, en prenant conscience le temps d’une séquence qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe mais qui a le mérite de mettre les choses au clair. L’air de rien il parvient à faire cohabiter, et sans en sacrifier aucun au profit d’un autre, 7 personnages iconiques en diable. Le réalisateur parvient à les développer au maximum pour leur rendre hommage, même si d'un coté, on peut croire que Whedon se fout complètement du mythe des héros pour laisser place à l'action. Et pourtant, lors du dernier acte, les doutes s'estompent. Un vrai travail d'équipe fait surface tout en maintenant à fond le caractère de chaque super héros. Tout est pensé au détail près pour mener le film vers son dernier acte dantesque. Car avouons-le, même s’il ne révolutionne pas le film d’action et encore moins celui de super-héros, le dernier acte supervisé par ILM est un gros morceau parcouru de pures fulgurances. À cet instant, la cohabitation des personnages ne se fait plus seulement dans le récit mais directement dans l’action, pour peu à peu former l’idée d’équipe. Et au centre de tout ça, un plan séquence ingénieux où nos héros se posent des questions sur les véritables motivations du SHIELD. Et le grand final en forme de grosse friandise explosive et survitaminée provoque un plaisir bien réel. Beaucoup moins convaincante est l’action quand Joss Whedon doit la gérer tout seul. En effet, les combats individuels sont découpés beaucoup trop à l'arrache, entraînant un non-sens de la mise en scène. Les combats de Captain America sont globalement ratés tant les plans s’enchaînent sans qu'on ait le temps de les voir. C'est dommage d'autant plus que les effets spéciaux sont d'une très bonne efficacité. En déhors de ça, en matière de pop-corn, le film assure. Sans compter que l'humour est présent, et efficace, si ce n'est par rapport au bad guy, Loki. En effet, le demi-dieu apparaît en mythe pour finir en punching-ball digne de Tex Avery. Concrètement, Joss Whedon sacrifie son bad guy sur l’autel du fun, préférant s’amuser avec ses héros en devenir plutôt que de construire une dramaturgie digne de ce nom. Ainsi, parfois impressionnant, parfois raté, globalement plaisant et qui possède à peu près tout ce qu’il faut pour enchanter les fans de base, cet Avengers manque tout de même cruellement d’ampleur mais se voit sauvé par une accumulation d’éléments imparables, dont ses acteurs, tous parfaits. Il n'y a donc pas de quoi crier au génie, mais pas de quoi crier au scandale non plus.