J’avais déjà vu The Wicker Man version 2006, mais pour ma critique je me suis appliqué à le revoir, bien que comme tout suspens, c’est forcément mieux la première fois. Reste que l’impression est toujours aussi bonne.
D’abord, coté casting, c’est positif. Nicolas Cage trouve ici un bon rôle, et s’investit vraiment dans son personnage. Certes il n’est pas sans défaut ce personnage. Il est un peu idiot, surtout au début, il adore se faire promener en rond, il fait des trucs assez insensés (plonger la nuit sans personne à coté dans une crypte inondée), mais enfin, grâce à Cage, et par certaines réactions, en particulier vers la fin qui sont nettement jouissives (pauvre Leelee Sobieski !) c’est pardonnable. A ses cotés un casting quasi exclusivement féminin. Kate Beahan n’est finalement pas celle qui tire le mieux son épingle du jeu, battu par des seconds rôles très relevées. Celui de Leelee Sobieski notamment. Elle apporte en plus son physique si singulier qui donne tout de suite un caractère intriguant. C’est le cas aussi de Molly Parker, qui dans une apparition assez courte au final, est assez scotchante. A noter aussi la très belle mais là encore courte prestation de Frances Conroy, meilleure qu’Ellen Burstyn à mon sens, un peu en dessous elle aussi.
Le scénario est évidemment le point fort du film. En fait, il est par moment assez mou, il y a une surdose de flashbacks qui peut agacer, et quelques petites incohérences (une auberge avec chambre sur une île qui n’accueil théoriquement personne, cela aurait fait tilter Derrick !). Néanmoins le film fait vraiment tourner en bourrique, il réserve de très bons moments de suspens, il y a des passages réjouissants, la fin s’accélère parfaitement comme il faut, la conclusion est superbe. De ce point de vue donc, plutôt un bon point encore une fois.
Sur la forme, c’est très convenable. Neil LaBute offre une réalisation soignée. Il prend plaisir à filmer les décors avec talent, il préfère un travail de caméra fluide et lisible ce qui est un très bon choix même si cela fait perdre parfois un peu d’intensité au film. C’est propre est très agréable tout en étant bien personnel. La photographie est un peu en retrait. Elle est belle, mais n’instaure pas d’atmosphère particulière, comme ca pouvait être le cas dans Shutter Island par exemple, film assez proche. Les décors en revanche sont bons, avec des choses originales (le champ de ruche par exemple), et un coté idyllique élégant. Je précise que The Wicker Man n’a rien d’effrayant, mais je le déconseille à un trop jeune public pour au moins un passage. Enfin la bande son, bien qu’assez banale est bien présente et se marie sans difficulté avec les images, apportant au final un plaisir certain.
En conclusion, The Wicker Man version 2006 est un film bien agréable, qui ne mérite pas la critique parfois assassine dont il a été victime. Certes ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais il aurait pu s’en approcher de façon certaine s’il avait eu plus d’intensité, et un peu plus de personnalité, ce que Scorsese était parvenu à faire sur Shutter Island. Il vaut le détour pour les amateurs de suspens, il se place bien, mais évidemment pour ceux qui connaissent l’ancienne version, le métrage n’apporte ici pas grand-chose de neuf, et il faut reconnaitre qu’il n’est pas aussi complètement maitrisé que l’ancienne version du fait de choix un peu hasardeux.