"Nous savons pourquoi nous sommes tous réunis ici. Nous avons nommé la cérémonie qui ouvre la semaine d'inauguration avec quelques mots simples qui désignent qui nous sommes, et où nous allons. Ces mots sont : "nous ne faisons qu'un". Des paroles prononcées par Denzel Washington, lors de la cérémonie d'investiture de Barack Obama, premier président afro-américain à être élu à la fonction suprême.
Un moment fort pour Denzel, fils d'un pasteur pentecôtiste, qui voit le jour et grandit dans une Amérique des contraires, tiraillée par une soif d'égalité et un racisme viscéral. Immense acteur, unanimement respecté par ses pairs, il est le premier afro-américain récipiendaire de deux Oscars. D'abord celui du meilleur second rôle pour son extraordinaire composition dans Glory; puis celui du Meilleur acteur pour son fantastique travail dans Training Day sous les traits du flic véreux Alonzo Harris.
Excellent portrait documentaire diffusé ce soir sur Arte à 22h50, Denzel Washington : un modèle américain balaye intelligemment et justement les choix de l'acteur, au cours d'une carrière s'étalant, déjà, sur près de cinquante ans.
Dès ses débuts, Denzel Washington s'affirme par des choix de carrière différents. Mais la prise de conscience qu'il peut jouer un rôle pour défendre la cause afro-américaine lui vient plus tard, avec le personnage d'un militant antiapartheid dans le superbe Cry Freedom de Richard Attenborough.
"Les afro-américains sont parmi les rares gens sur Terre à ne pas savoir précisément d'où ils viennent, parce que leur histoire leur a été volée durant l'esclavage" dira-t-il peu de temps après la sortie du film. "Nous venons d'Afrique, mais d'où exactement ?" Il finira par le découvrir, bien des années plus tard.
Contribuant à changer les regards au travers de très puissants rôles, desquels émerge évidemment celui de Malcolm X, ou par exemple celui de l'avocat dans Philadelphia, où il invitait l'Amérique à déconstruire son regard sur l'homosexualité, il a toujours veillé à ne pas cautionner les clichés dominants. Devenant ainsi un modèle absolu pour toute une génération d'acteurs et d'actrices afro-américains.
"Il n'y a pas de Black Panther sans Denzel Washington !"
C'est dans cette optique que le documentaire montre une séquence très émouvante et forte. En juin 2019, l'AFI, l'American Film Institute, honorait la carrière de l'acteur, en lui décernant un Life Achievement Award bien mérité.
Dans cet exercice bien rôdé, divers talents et amis ayant travaillé avec la personne récompensée viennent se fendre d'un petit discours hommage sur un pupitre. Michael B. Jordan était de ceux-là. Ce dernier révèle alors que son personnage de Killmonger dans Black Panther, cicatrices comprises, est directement inspiré par la bouleversante composition de Denzel dans Glory.
Puis vient un hommage. Celui du regretté Chadwick Boseman. L'acteur sait probablement encore plus que les autres ce qu'il doit à son modèle : c'est Washington qui pris en charge ses frais de scolarité.
"Il n'y a pas de Black Panther sans Denzel Washington" lance Boseman. ""Je ne parle pas seulement pour moi, mais pour tout le casting. Cette génération se tient sur vos épaules. Les batailles quotidiennes gagnées, les millions de territoires conquis, les sacrifices consentis au nom de la culture sur les plateaux de cinéma, les compromis que vous avez refusés sur votre chemin, tracent la route que nous devons suivre. Que celui qui a arrosé soit lui-même arrosé". On ne saurait rêver plus bel hommage.
Vous pouvez retrouver cette séquence dans la vidéo ci-dessous, à partir de 1''25 :