De quoi ça parle ?
Septembre 1914. Depuis quelques semaines, les combats font rage. Dans un petit village de l’est de la France, à quelques kilomètres de la zone allemande, quatre femmes se retrouvent projetées au cœur de l'horreur.
Marguerite, prostituée parisienne aussi mystérieuse que flamboyante que l'on soupçonne d'être une espionne ; Caroline, épouse d'un propriétaire d’une usine de voitures parti au front. Elle se voit propulsée à la tête de l’entreprise familiale, défi colossal et inédit pour une femme du début du siècle ; Agnès, mère supérieure d’un couvent réquisitionné et transformé en hôpital militaire. Dépassée par l’afflux de blessés, Agnès est de plus tourmentée et questionne ses choix de vie ; et Suzanne, jeune infirmière féministe en cavale depuis un avortement qui a mal tourné...
Chaque lundi à 21h10 sur TF1 à partir du 19 septembre. 4 épisodes vus sur 8.
C'est avec qui ?
Initiée par l'équipe créative du Bazar de la charité - à savoir la productrice Iris Bucher (Quad Drama) et le réalisateur Alexandre Laurent - Les Combattantes voit ainsi revenir, à la manière d'une anthologie à la American Horror Story - les trois actrices principales de la mini-série qui avait cartonné en 2019 sur TF1 dans la peau de nouveaux personnages.
Aux côtés d'Audrey Fleurot, Julie de Bona, et Camille Lou, qui prêtent respectivement leurs traits à la prostituée Marguerite, la mère supérieure Agnès, et l'infirmière en fuite Suzanne, Sofia Essaïdi (La Promesse) rejoint l'aventure et complète ce quatuor de combattantes qui traversent un moment intense et tragique de l’Histoire de France dans le rôle de la bourgeoise Caroline Dewitt.
Mais le casting cinq étoiles de la série comprend également Sandrine Bonnaire, qui incarne la belle-mère de Caroline, Tchéky Karyo, Laurent Gerra dans un rôle inattendu, Tom Leeb, Yannick Choirat, Grégoire Colin, Maxence Danet-Fauvel (Skam France), Vincent Rottiers, Florence Loiret-Caille, Eden Ducourant (Pour Sarah), et Mikaël Mittelstadt, l'une des révélations d'Ici tout commence sur TF1.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Alors que les fresques historiques ont le vent en poupe outre-Manche et outre-Atlantique, avec The Crown, La Chronique des Bridgerton, Hotel Portofino, ou Downton Abbey qui continue de se décliner sur grand écran, TF1 est parvenue à redonner ses lettres de noblesse au genre de la grande saga en costume en France en 2019 avec Le Bazar de la charité, cofinancée par Netflix.
Forte de ce succès, la Une continue sur sa lancée et propose, avec la même équipe, et toujours en partenariat avec Netflix (qui proposera la série d'ici quelques mois), Les Combattantes, qui raconte une fois de plus des destins de femmes qui s'entrecroisent sur fond d'événement historique fort. Et après l'incendie catastrophe qui avait ravagé le Bazar de la charité à Paris en 1897, c'est ici une petite partie de la Première Guerre mondiale qui est racontée par les scénaristes Cécile Lorne et Camille Treiner.
L'action des Combattantes se déroule en 1914, durant "la guerre de mouvement", c'est-à-dire après la bataille de la Marne et juste avant les tranchées. Visuellement époustouflante, cette mini-série en huit épisodes bluffe d'emblée par ses décors, ses costumes, et le réalisme saisissant des scènes de guerre et d'hôpital qu'elle dépeint épisode après épisode.
À travers les histoires de Marguerite, Mère Agnès, Suzanne, et Caroline, qui sont toutes happées à leur manière par l'horreur de la guerre, les deux autrices des Combattantes, aidées d'Alexandre Laurent, parviennent à redonner aux femmes leur place dans l'Histoire, car celles-ci sont évidemment les grandes oubliées de la Première Guerre. Une très bonne idée quand on sait que la quasi-totalité des fictions revenant sur la "Der des Ders" se focalisent sur le point de vue des hommes.
Si l'aspect historique, qui va grandissant au fil des épisodes, est évidemment passionnant, on aime aussi beaucoup le côté soap (au sens noble du terme) de la série qui, à l'image du Bazar de la charité, enrichit le récit de chacune des quatre héroïnes avec une bonne dose de secrets enfouis qui ne demandent qu'à ressurgir. Et avec des antagonistes de taille - campés par Grégoire Colin, Vincent Rottiers, Yannick Choirat, ou Laurent Gerra - qui menacent leur sécurité, leur équilibre, et leur avenir.
Les téléspectateurs déçus de voir les comédiennes se croiser si peu dans Le Bazar de la charité seront également heureux d'apprendre qu'elles interagissent un peu plus dans Les Combattantes. En effet, deux binômes se dessinent assez rapidement : Julie de Bona et Camille Lou, qui gravitent dans le décor du couvent transformé en hôpital militaire de fortune, et Audrey Fleurot et Sofia Essaïdi, dont les personnages sont liés d'une certaine manière (mais nous n'en dirons pas plus).
Côté casting, la nouvelle fresque historique à gros budget de TF1 ne déçoit pas puisque les quatre "Combattantes" de la série sont incarnées avec brio par Audrey Fleurot, Camille Lou, Julie de Bona, et Sofia Essaïdi. Tandis que Sandrine Bonnaire, Grégoire Colin, Yannick Choirat, Tom Leeb, et Maxence Danet-Fauvel tirent eux aussi rapidement leur épingle du jeu et font des étincelles dans leurs partitions respectives.
Seul bémol : Les Combattantes commence de manière moins forte et moins intense que Le Bazar (qui débutait par le fameux incendie et des séquences impressionnantes et étouffantes) et prend davantage son temps pour poser les bases de son intrigue et de ses personnages. De telle manière qu'on a quelque peu l'impression que l'intrigue démarre seulement à l'épisode 2. Ce qui pourrait malheureusement décourager certains téléspectateurs.
Peut-être un peu moins épique et romanesque, en tout cas sur les quatre épisodes que nous avons pu voir, Les Combattantes n'en demeure pas moins une fiction de qualité qui montre bien le rôle indispensable des femmes durant la Première Guerre mondiale, que ce soit pour soigner les soldats ou continuer à faire tourner l'économie en l'absence des hommes partis au front. Et qui parvient à dessiner des personnages auxquels on s'attache d'emblée (plus encore que dans Le Bazar de la charité), des héroïnes aux rôles secondaires qui ont tous leur importance.
Reste à savoir si le souffle particulier de la série, qui mêle récit historique et intrigues très soap, perdurera jusqu'à la fin et nous tiendra en haleine jusqu'à un dernier épisode qu'on espère en apothéose. Mais en l'état, la nouvelle fiction de TF1 est une très bonne surprise qui promet de faire vibrer les téléspectateurs et qui s'inscrit dans une rentrée télé (Vise le coeur, Hors saison, Et la montagne fleurira, La Maison d'en face) globalement de haut niveau.