Enfant prodige du théâtre français, Patrice Chéreau s’essaye au cinéma en 1975 en adaptant le roman policier La Chair de l’orchidée du Britannique James Hadley Chase. Pour ses premiers pas en tant que réalisateur, il bénéficie d’un budget considérable et d’un casting cinq étoiles, comprenant notamment Edwige Feuillère et Simone Signoret. Charlotte Rampling incarne Claire, l’héroïne en quête de vengeance, toujours sur le point de s’enfoncer dans la folie.
Entouré de ses collaborateurs de longue date (le chef opérateur Pierre Lhomme et le décorateur Richard Peduzzi), Patrice Chéreau s’approprie le matériau cinématographique tout en y intégrant son amour pour le spectacle vivant.
Froidement accueilli par les critiques, boudé par le public, à peine remarqué par les professionnels (deux nominations techniques aux César : Meilleure photographie et Meilleurs décors), La Chair de l’orchidée traîne une réputation de “film maudit”. Patrice Chéreau lui-même le renie et préfère considérer L’Homme blessé, sorti en 1983, comme sa première oeuvre de cinéma.
Pourtant, La Chair de l’orchidée est unique en son genre dans le paysage audiovisuel français : il s’agit d’une œuvre cruelle, sinistre et poétique, où se mêlent, dans un camaïeu de gris et de bleu, les influences de l’expressionnisme allemand, mais aussi celles de John Huston et d’Orson Welles.
Il faut néanmoins attendre les années 90 pour que Patrice Chéreau parvienne à s’imposer en tant que cinéaste, grâce à sa relecture sombre et sanglante de La Reine Margot, puis au fiévreux Ceux qui m'aiment prendront le train.
La Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau avec Charlotte Rampling, Bruno Cremer, Edwige Feuillère...
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