Le film Pépé le Moko de Julien Duvivier, est adapté du roman éponyme de Henri La Barthe publié en 1931. Il raconte la traque par la police du malfaiteur Pépé le Moko (Jean Gabin) qui a trouvé refuge dans la casbah (la vieille ville) d'Alger. Au cours de sa fuite, Pépé va rencontrer Gaby (Mireille Balin), et en tomber follement amoureux.
Le long métrage sort en France en 1937 et dès l'année suivante, un remake américain est lancé, qui sera suivi par un second remake, en 1948.
Casbah (1938)
En 1938, la société de production Walter Wanger finance très rapidement un remake de Pépé le Moko réunissant Charles Boyer, acteur français fraîchement débarqué à Hollywood, et Hedy Lamarr, pour la première fois créditée sous ce nom à l'écran. La mise en scène est quant à elle assurée par John Cromwell, qui sort du succès du Prisonnier de Zenda.
Ce dernier fait avec le budget qui lui est alloué et parvient à faire illusion grâce à des plans réellement tournés à Alger par une équipe tierce et recourt aux gros plans dans beaucoup de scènes afin de cacher son manque de moyens. Wanger n'hésite pas à réutiliser la musique de Vincent Scotto et Mohamed Iguerbouchène, directement tirée du film de Duvivier.
Selon la légende, Wanger tente à l'époque de faire disparaître toutes les copies de Pépé le Moko afin que le rapprochement avec son film, intitulé Casbah, ne puisse se faire. Il n'y est heureusement pas parvenu. Son film est nommé à quatre reprises aux Oscars, dont une pour le "Pépé" interprété par Boyer, qui inspirera à l'animateur Chuck Jones le personnage de Pépé le Putois.
Casbah (1948)
Après des débuts à la RKO et à la Paramount, le metteur en scène John Berry signe Casbah, nouvelle adaptation du roman Pépé le Moko avec Tony Martin dans le rôle, et Yvonne De Carlo, révélée dans Les Amours de Salome trois ans plus tôt, dans celui d'Inez.
Bénéficiant d'un budget quasi doublé comparé à la version de 1938, cette nouvelle version de Casbah s'illustre par le nombre de figurants qu'elle peut se permettre de montrer à l'écran dans un même plan, et par ses passages musicaux. Si la version de Duvivier comprenait le titre Où sont-ils donc ? fredonnée avec émotion par Fréhel, Casbah comprend plusieurs chansons, dont une est nommée à l'Oscar l'année suivante.
Si Pépé le Moko a inspiré Casablanca (1942), ce n'est pas un hasard de retrouver dans cette version de Casbah de 1948 Peter Lorre, qui figurait déjà au générique du film de Michael Curtiz.
Quant à savoir ce que signifie "moko", sachez qu'il s'agit d'un mot d'argot provençal désignant un marin de la Marine nationale naviguant en Méditerranée, dont le port d'attache est Toulon.