ÇA PARLE DE QUOI ?
Retour sur le scandale de la sex tape du couple star des tabloïds des années 1990, la star d'Alerte à Malibu, Pamela Anderson et le batteur de Mötley Crüe, Tommy Lee, durant leur lune de miel qui a été divulgué au grand public.
Les trois premiers épisodes de Pam & Tommy sont disponibles sur Disney+ (section STAR, déconseillé aux moins de 18 ans). La suite sera disponible à raison d’un épisode par semaine. Épisodes vus : 8/8
C’EST AVEC QUI ?
Pam & Tommy réunit un duo atypique, Lily James et Sebastian Stan dans les peaux de Pamela Anderson et Tommy Lee. L’actrice britannique, révélée dans Downton Abbey, s’est ensuite illustrée dans Cendrillon, Baby Driver et Mamma Mia ! Here We Go Again.
Célèbre pour son personnage de Bucky Barnes dans l’univers Marvel, Sebastian Stan est aussi connu pour ses rôles dans Gossip Girl, Once Upon A Time, Seul sur Mars et Moi, Tonya.
Pour incarner celui qui est à l’origine de leurs problèmes, Rand Gauthier, c’est Seth Rogen qui a été choisi. Son comparse dans l’industrie du porno, Oncle Miltie, est quant à lui interprété par Nick Offerman (Parks and Recreation). Enfin, la wannabe pornstar qui se marie par intérêt avec Rand est campée par Taylor Schilling (Orange is The New Black).
ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?
Elle aurait pu être vulgaire, trop trash ou insipide, elle est au contraire drôle, émouvante et pertinente. En grattant l’image biaisée et montée de toutes pièces par les médias de la star d’Alerte à Malibu, Pam & Tommy dresse un portrait bienveillant et profond de Pamela Anderson à travers un moment marquant et tragique de sa vie : la fuite de sa sextape avec Tommy Lee en 1995.
Haute en couleur, délurée et rythmée par une savoureuse bande son des nineties, la série démarre sur les chapeaux de roue avec un ton fun et léger, où l’amour entre Pam et Tommy et la vengeance démesurée et loufoque de Rand Gauthier (Seth Rogen), ex acteur porno devenu électricien débauché violemment par le batteur de Mötley Crüe, s’entremêlent.
Avec la même énergie que pour Moi, Tonya, Craig Gillespie met en scène trois premiers épisodes sous acide, entre comédie acerbe, ambiance sexe, drogues et rock’n’roll, et pénis qui parle. Le début de la série titille notre côté voyeur et penche vers le biopic exacerbé avec des personnages plus vrais que nature, grâce à l’incroyable transformation de ces deux comédiens principaux.
Fruit du formidable travail des costumiers, accessoiristes et stylistes, Lily James et Sebastian Stan sont méconnaissables et très impressionnants dans les peaux de Pamela Anderson et Tommy Lee. Outre leurs apparences, leurs brillantes performances apportent autant de folie que de sensibilité à leurs célèbres personnages.
Surtout, ils se donnent corps et âme dans leur rôle, la nudité étant assez présente dans la série. Si Pamela Anderson est souvent montrée de manière sensuelle, les huit épisodes du show n’oublient jamais de déconstruire cette image en rappelant comment la star a été traitée. De son côté, la nudité et la sexualité de Tommy Lee sont racontées de manière humoristique, en témoigne sa discussion hilarante avec son pénis.
Pamela contre le monde
Puis la série bascule ensuite dans un registre plus dramatique, presque procédural, non sans garder une pointe d’humour, avec les épisodes restants, tous mis en scène par des réalisatrices (Gwyneth Horder-Payton et Hannah Fidell). Ce female gaze essentiel nous renvoie à nos propres contradictions et questionne notre rapport malsain au voyeurisme et à l’envie de connaître l’intimité des stars.
En montrant les effets pervers de ce scandale sur la vie de Pamela Anderson, la série montre à quel point la mannequin et actrice a non seulement été objectifiée par les hommes mais qu’elle a aussi été slut-shamée, traitée comme une bimbo sans cervelle et que les médias, la justice et l’opinion publique se moquaient d’elle et justifiaient presque ce scandale.
La série de huit épisodes écrite par Robert D. Siegel (Le Fondateur, The Wrestler) se sert de ce scandale qui a fait date dans la pop culture pour raconter l’histoire d’une femme dont l’intimité a été volée, bafouée et caricaturée et rend en quelque sorte justice à Pamela Anderson, bien moins naïve qu’on ne peut le penser, avec ses fêlures et ses blessures, et fan inconditionnelle de Jane Fonda.
Méli-mélo de true love et true crime, Pam & Tommy est l’histoire de la destruction d’une femme, de la violence d’un homme et de la désintégration d’un couple. Mais la série revient aussi sur l’émergence d’Internet, les notions de viralité et le renouveau de l’industrie pornographique avec un œil intéressant, incisif et presque nostalgique.
Mais sans la vraie Pamela
Malgré toutes ces bonnes intentions, on ne peut s’empêcher d’émettre quelques réserves notamment sur la non implication de Pamela Anderson elle-même sur cette série. Bien que Pam & Tommy semble vouloir rendre hommage à la star, la production n’a pas obtenu son accord, bien qu’elle ait tenté de l’avoir à plusieurs reprises, comme l’a indiqué le scénariste D.V. DeVincentis à EW :
"Nous voulions particulièrement faire savoir à Pamela Anderson que cette représentation était très positive et que nous tenions beaucoup à elle et voulions qu'elle sache que la série l'aime. Nous n'avons pas reçu de réponse, mais compte tenu de ce qu'elle a traversé et du moment passé à la contacter, c'était compréhensible."
Tout le paradoxe est là : la série s’est faite sans l’autorisation ni l’aide de Pamela Anderson, bien que l’équipe, qui a acheté les droits de l’article Pam and Tommy : The Untold Story of the World’s Most Infamous Sex Tape publié dans Rolling Stone en 2014, s’est évertuée à rendre justice à la star dans la série.
Entre ça et le mélange des genres brutal qui pourrait dérouter, Pam & Tommy ne plaira sûrement pas à tout le monde. Mais le public aurait tort de passer à côté de la série qui lève le voile sur cette affaire et redonne un peu de pouvoir à celle qui en a été le plus affectée.