Si la séquence d'ouverture de Sully (diffusé ce soir sur TF1) - au cours de laquelle on peut assister au spectaculaire amerrissage du commandant Sullenberger sur le fleuve Hudson - est à ce point réaliste et impressionnante, cela est en grande partie dû au talent de son réalisateur Clint Eastwood. Un savoir-faire que le cinéaste a probablement fortifié en faisant appel à un souvenir très personnel, tiré d'une aventure vécue dans sa jeunesse.
En effet, 65 ans avant de mettre en scène l'extraordinaire manoeuvre de Sully (incarné par Tom Hanks au cinéma), le cinéaste a lui-même survécu à un terrible accident d'avion, à l'âge de 21 ans.
L'histoire a lieu en 1951. Alors qu'il effectue son service militaire et qu'il revient d'un séjour dans sa famille à Seattle, le jeune homme Clint Eastwood lutte pour ne pas sombrer dans la panique. Il est 4 heures de l'après-midi. Et l'avion à bord duquel il est monté gratuitement - un bombardier Douglas AD de la Seconde Guerre Mondiale - commence à perdre de l'altitude.
Alors que l'appareil approche de sa destination, le camp militaire de Fort Ord en Californie, les choses se mettent à mal tourner, et un crash au beau milieu de l'Océan Pacifique semble désormais inévitable.
"Tout est allé de travers", se souvient le cinéaste de nombreuses années plus tard, lors d'une conférence à la Loyola Marymount University. "Les radios se sont coupées. L'oxygène a commencé à manquer. Finalement, nous sommes tombés en panne d'essence aux alentours de Point Reyes, en Californie, et nous sommes tombés dans l'océan. Alors nous avons nagé."
Heureusement titulaire d'un diplôme de maître nageur, déjà à l'époque, Clint Eastwood se souvient malgré tout d'une traversée longue et éprouvante pour regagner la côte américaine :
"Je pouvais voir au loin la côte du comté de Marin [près de San Francisco]", confie-t-il au micro du Hollywood Reporter. "Je ne sais pas à quelle distance elle se trouvait, on aurait dit qu'elle était à 80 kilomètres, mais ça devait probablement être un ou deux kilomètres. Puis il a commencé à faire sombre. La nuit était tombée quand nous sommes arrivés."
Un périple épuisant, donc, dans une eau glacée, mais aussi particulièrement dangereuse car... infestée de requins ! Fort heureusement pour lui, Clint Eastwood n'en était pas conscient lorsqu'il tentait de gagner la plage :
"Nous étions à la fin du mois d'octobre, ou en novembre. L'eau était très froide. J'ai découvert de nombreuses années plus tard qu'il s'agissait d'une zone de reproduction pour les grands requins blancs. Je suis heureux de ne pas l'avoir su à l'époque (...)", s'amuse le cinéaste.
Même s'il déclare qu'il a beaucoup repensé à cet événement au moment de réaliser Sully, il explique qu'il aurait accepté de mettre en scène le film de toute façon. Sa petite mésaventure aéronautique, en tout cas, ne semble pas l'avoir dégoûté des avions. Loin de là.
En effet, depuis son accident en 1951, Clint Eastwood a décroché un brevet de pilote d'hélicoptère et a même rédigé une lettre à destination de Billy Wilder pour lui demander d'incarner l'aviateur Charles Lindbergh (finalement interprété par James Stewart) dans un film de 1957. Quant à son premier rôle sur grand écran, dans le long métrage Tarantula, Clint Eastwood l'a effectué... dans le cockpit d'un chasseur, aux prises avec une araignée géante.
(Re)découvrez notre vidéo dédiée à Clint Eastwood...