De quoi ça parle ?
Detroit, au milieu des années 1950. Des criminels de divers horizons se réunissent et doivent collaborer afin de découvrir pourquoi ils ont été mis à l’écart.
No Sudden Move, un film de Steven Soderbergh, écrit par Ed Solomon avec Don Cheadle, Benicio Del Toro, David Harbour, Brendan Fraser, Amy Seimetz… Sur MyCANAL.
Mauvais plan
Curt Goynes (Don Cheadle), un criminel qui vient de sortir de prison, a besoin d’argent et décroche un job a priori facile. Tout ce qu’il a à faire, c’est de détenir une famille en otage dans leur maison pendant trois heures. Après ça, il pourra empocher 5000 dollars. On est en 1954 à Détroit et cette proposition ressemble à du pain béni.
Sauf que No Sudden Move est un film noir – un des genres préférés de Steven Soderbergh – et que rien ne se passera comme prévu. Pour cette mission, amenée sur un plateau par un Brendan Fraser métamorphosé pour ce rôle, Curt doit faire équipe avec Ronald Russo (Benicio Del Toro) et Charley (Kieran Culkin). Vrais gangsters ou pieds nickelés ?
Dans ce film à l’esthétique impeccable – fidèle aux standards soderberghiens – Soderbergh nous fait visiter Detroit comme Polanski avec Chinatown. On passe des quartiers interlopes de la ville à de majestueuses salles de réunion, avec un détour par des commissariats de police corrompus jusqu’à la moelle.
Néo-noir
Si le casting affiché est franchement impressionnant – en plus de ceux cités, on croise David Harbour, Ray Liotta, Jon Hamm ou encore Matt Damon – No Sudden Move n’a pas la même aura de "all star game" que pouvait délivrer Ocean’s Eleven. Cela tient à un choix d’austérité dans la mise en scène qui contraste avec le côté clinquant d’Ocean’s.
On surprend aussi Soderbergh à lorgner du côté de Melville en ancrant son film du côté des mélodrames noirs typiques des années 50, avec des angles de caméra inclinés, des objectifs déformants. Il flirte même parfois avec le pulp.
Mais en même temps, Ed Solomon et Steven Soderbergh affichent clairement leur ambition "d’élever" le genre en y injectant des problématiques liées au racisme et au capitalisme. Mais leur traitement reste trop superficiel pour apporter un vrai point de vue sur ces questions.
La vraie bonne surprise se situe en réalité du côté des personnages féminins, beaucoup plus intéressants et développés que dans les films du genre dans les années 50. Amy Seimetz est parfaite en mère de famille, prise en otage, mais qui arrive à se composer une posture face à ces gangsters.
Le film n’est pas exempt d’humour non plus. Tourné en 2020 en pleine pandémie de coronavirus, le film présente ses gangsters affublés de masques blancs un peu ridicules qui cachent le haut de leur visage. Un clin d’œil ironique à l’actualité.