L'Histoire n'a rien oublié du Festival de Woodstock. Célébration de la musique et de la contre-culture, l'événement avait réuni près d'un demi-million de personnes en quatre jours, du 15 au 18 août 1969. Tous étaient venus applaudir, entre autres, Jimi Hendrix, The Who, Janis Joplin, Sly and the Family Stone ou encore Joan Baez. À 160 kilomètres plus au Nord, au Mount Morris Park de New York, se tenait un autre rassemblement, musical lui aussi, oublié par un grand nombre depuis.
Avec le documentaire Summer of Soul, le musicien et réalisateur Questlove fait de nouveau briller le Harlem Cultural Festival. Organisé cinq ans après l'adoption du Civil Rights Act aux États-Unis - loi qui prohibe toutes formes de discriminations envers la couleur de peau, le sexe ou la religion des citoyens -, l'événement est victime du profond mépris qui pesait sur la culture noire.
Si les concerts avaient bien été filmés, les pellicules n'avaient jamais été montrées au grand public. Pour les besoins du documentaire, le réalisateur a fouillé dans les 40 heures d'images tournées par Hal Tulchin pour proposer un film de moins de 2 heures en l'honneur de cette manifestation historique.
C'est quoi, exactement, le Woodstock noir ?
Derrière le Harlem Cultural Festival, il y a cet artiste devenu producteur, Tony Lawrence. C'est lui qui est à l'origine de l'événement. En 1969, le Harlem Cultural Festival existait déjà depuis deux ans. C'est sa troisième - et dernière - édition qui restera la plus importante. Entièrement gratuit, le rassemblement se déroule durant tout l'été, du 13 juin au 24 août 1969. Les concerts ont lieu pendant les six dimanches de cette période, tous les après-midis, et sont répartis par thèmes : soul et jazz, gospel, soul et funk, musiques des Caraïbes, jazz et blues, puis les artistes locaux de Harlem.
Sur scène, se produisent des légendes confirmées et d’autres en devenir, telles que Stevie Wonder - âgé de seulement 19 ans -, Nina Simone, BB King, le groupe The Fifth Dimension ou encore Gladys Knight. Lorsque cette dernière se produit aux côtés de Stevie Wonder le 20 juillet 1969, le concert est interrompu pour annoncer l'atterrissage des astronautes de la mission Apollo 11 sur la Lune.
Au total, sur les six journées de concerts, ce sont près de 300 000 personnes qui font le déplacement pour célébrer les voix de la musique noire. Une nouvelle édition est annoncée pour l’été suivant, en 1970, mais le Harlem Cultural Festival ne reviendra pas. L’organisateur Tony Lawrence déclare être victime d’escroquerie de la part de ses deux associés, Jerrold Kushnick et Harold Beldock, qui auraient volé plus d’une centaine de milliers de dollars dans les caisses du Festival.
Surnommé le Black Woodstock - le Woodstock noir en français -, l’événement tombe peu à peu dans l’oubli. “Les seules fois où la presse blanche s’intéresse à la communauté noire, c’est pour parler des incidents et des émeutes”, fulmine l’écrivain Raymond Robinson dans les pages du New York Amsterdam News en octobre 1969. Il faudra attendre le 50e anniversaire du Festival, en 2019, pour que cette parenthèse de l’histoire fasse de nouveau parler d'elle. Le film Summer of Soul, disponible sur Disney+, poursuit cet hommage.
Découvrez la bande-annonce de "Summer of Soul" :