Créée, écrite et portée par Agnès Hurstel (prochainement à l'affiche de Trop d'Amour), Jeune et Golri suit les pérégrinations de Prune, apprentie humoriste qui tombe amoureuse de Francis (Jonathan Lambert), un homme du double de son âge et père d'une petite-fille (Jehanne Pasquet). Autour d'elle gravitent plusieurs comédiens encore méconnus du grand public, mais dont les parcours d'humoristes correspondent à ceux de leur alter-egos de fiction.
Un projet authentique
Parmi les comédiens qui composent la bande de Prune, on retrouve Paul Mirabel, humoriste actuellement visible sur scène dans Zèbre, son premier spectacle et auteur de chroniques sur France Inter. A ses côtés, Marie Papillon, révélée grâce à ses vidéos sur Instagram et créatrice de la shortcom Marie et les choses diffusé sur Téva, jour le rôle d'Adé, la meilleure amie de Prune.
"Je m'identifie très bien au personnage d'Adé, y compris dans la relation que j'ai avec Agnès. Prune et Adé, c'est un peu Marie et Agnès. J'avais l'impression qu'on était tous un peu nos personnages quand on était en dehors du tournage."
Leur collaboration naît d'une rencontre fortuite improbable dans Paris, à un feu rouge. "On se suivait sur Instragram, j'étais sur ma moto et elle sur son scooter, et elle me crie : "je te suis sur Instagram, j'aimerais trop que tu sois ma meilleure amie !" Le feu est passé au vert et on ne s'est plus reparlé. Trois ans après, elle m'écrivait un message en me disant qu'elle voulait me caster dans le rôle de sa meilleure amie pour sa série."
Un projet authentique selon elle, qui décrit une situation quotidienne pour beaucoup de gens. "Bien que ce soit extrêmement fréquent ce n'est pas un sujet qui a été très abordé dans les fictions. C'est presque quasi-implicite : quand on voit un couple au cinéma et que le mec a quinze ans de plus que sa compagne, à priori ce n'est pas un problème. Alors qu'il y en a forcément ! "
A l'instar de Paul Mirabel, Nordine Ganso, bordelais d'origine, fait partie de la scène stand-up parisienne et tient son premier rôle à l'écran dans Jeune et Golri. Il rencontre Agnès lors d'une scène ouverte; cinq ans plus tard, elle le contacte pour lui proposer de participer à la série, dans laquelle il joue son alter-ego scénique, portant le même prénom et écrivant ses propres sketchs.
"C'est une expérience qui m'a donné envie de travailler sur ce terrain-là, car jouer la comédie est très différent du stand-up", explique-t-il. Sur le tournage, chaque minute compte : 8 épisodes de 20 minutes tournés en une vingtaine de jours, soit près de 11 minutes utiles chaque jour. "Ça a été très vite, mais ça nous a permis de ne pas nous mettre trop de mauvaise pression !"
Prune et Adé, c'est un peu Marie et Agnès
Révélée en 2020 grâce au succès de son compte Instagram Les Caractères, galerie de petites vidéos dans lequel elle esquisse des portraits aussi féroces qu'hilarants à l'aide de filtres déformants et d'un sens accru de l'observation sociologique, Lison Daniel, scénariste et comédienne, est quant à elle une amie de longue date d'Agnès Hurstel.
Dans Jeune et Golri, elle incarne Alice, personnage "un peu zinzin" qui monte sur scène pour la première fois et s'essaie à une imitation de vagin. "Au delà de la série, on était tous très proches dans la vie. Cette bonne ambiance se ressent dans la série, et reflète cette osmose dans le stand-up. c'est aussi très frais, ça change un peu de ce qu'on a l'habitude de voir."
"Je trouvais le scénario à la fois intelligent, hyper efficace et très enlevé. J''avais envie de participer aussi à ce mouvement d'OCS qui est de faire des séries avec peu de moyens et qui aide beaucoup à la créativité. C'était un ensemble joyeux et entraînant."
Drame + recul = humour
"La galère et l'errance, j'ai bien connu", poursuit Lison Daniel. "Avant que Les Caractères fonctionne, j'ai vécu plusieurs années de désespérance. C'est un métier très dur, où personne ne vous attend nulle part, et moins on a confiance en soi moins on arrive à bien se présenter au monde. Mais peut être que j'étais moins combative que Prune aussi ! Prendre un micro, se mettre en danger sur scène porte forcément ses fruits parce qu'on apprend très vite; on est porté par l'esprit collectif, on est dans une démarche plus féconde."
A l'instar de Prune, faut-il forcément puiser dans ses galères et souffrances personnelles pour être drôle ?
"Dans le stand-up, tu vas raconter des trucs pour faire rigoler les gens, mais ce n'est pas ce qu'ils veulent vraiment entendre. Et tu ne t'en rends compte qu'une fois que tu te plantes. Alors que ce qui nous blesse dans la vie, quand on en tire une blague sur scène, ça marche tout le temps. Quand tu arrives à saisir cette brèche-là, que tu taffes dessus, ça fonctionne", analyse Nordine.
"Les gens ont besoin de ressentir quelque chose de vécu, de juste. C'est ce qu'arrive très bien à faire Agnès en retranscrivant son histoire de belle-mère sur scène." Pour Lison Daniel, ce principe peut être résumé en une phrase : "Je crois qu'il y a une formule qui dit drame + recul = humour."
Parmi ses prochains projets en date, Lison Daniel a participé à l'écriture de Drôle, la prochaine série de Fanny Herrero (Dix pour cent) centrée sur le stand-up et en quelque sorte "la grande sœur de Jeune et Golri". Nordine Ganso, lui, remonte sur scène courant septembre pour jouer son premier one-man show, Violet, au théâtre Le Métropole, avant de participer au festival d'humour de Montreux en décembre.
"En tant qu'humoriste, on développe une vraie démarche de prise de distance. Ce qu'on va vivre de douloureux, on va le vivre très mal pendant une journée, mais dès le lendemain, on va essayer de trouver des vannes dessus. Si on a assez de recul, on peut faire des sketches sur à peu près tous les trucs dramatiques qui nous arrivent. Le stand-up, c'est vraiment une thérapie", conclut-il.