De quoi ça parle ?
Paris 2020. Dans une société où les surhommes sont banalisés et parfaitement intégrés, une mystérieuse substance procurant des superpouvoirs à ceux qui n’en ont pas se répand. Face aux incidents qui se multiplient, les lieutenants Moreau et Schaltzmann sont chargés de l’enquête. Avec l’aide de Monté Carlo et Callista, deux anciens justiciers, ils feront tout pour démanteler le trafic. Mais le passé de Moreau ressurgit, et l’enquête se complique...
Comment je suis devenu super-héros, réalisé par Douglas Attal ; écrit par Douglas Attal, Mélisa Godet et Charlotte Sanson ; avec Pio Marmaï, Vimala Pons, Leïla Bekhti, Benoît Poelvoorde, Swann Arlaud... Sur Netflix
C’est avec qui ?
On dirait un casting de film d’auteur et c’est bel et bien dans un blockbuster qu’ils sont réunis. Pio Marmaï incarne le lieutenant Moreau, chargé d’enquêter sur tout ce qui a trait aux surhommes.
Il est contraint par sa hiérarchie de faire équipe avec une nouvelle recrue, venue de la brigade financière. Il s’agit de Schaltzmann, jouée par Vimala Pons.
Moreau, le solitaire, fait appel à de vieilles connaissances, un duo de choc qui fait des étincelles : Callista (Leïla Bekhti) et Monté Carlo (Benoît Poelvoorde), des super-héros qui ont été un temps justiciers et qui ont raccroché le masque.
Derrière cette sombre affaire, il y a Naja, un super-vilain joué par Swann Arlaud dans un rôle à contre-emploi qui lui va comme un gant.
Ça vaut le coup d’œil ?
On ne l’imaginait pas forcément dans un film tel que Comment je suis devenu super-héros. Et pourtant. Pio Marmaï se fond parfaitement dans son rôle de flic un peu à la ramasse, un peu misanthrope mais qu’on aime bien quand même. Il faut du temps pour l’apprivoiser, une manière intelligente de solliciter le spectateur et de le rendre partie prenante de l’histoire.
La connexion est plus évidente avec Callista et Monté Carlo. Leïla Bekhti et Benoît Poelvoorde forment un duo comique qui mériterait d’être décliné sur plusieurs films. S’ils ont des pouvoirs – elle peut voir l’avenir, il peut se téléporter – ce n’est pas ce qui les caractérise.
En dépit de leurs pouvoirs, ils apparaissent comme des héros ordinaires : Callista, reconvertie en animatrice sociale pour jeunes, et Monté Carlo, retraité forcé à cause d’un début de Parkinson, mais qui travaille comme un flic des années 80 avec ses petites fiches de renseignements sur les super-vilains du coin.
Quant à Swann Arlaud, avec son air juvénile, il incarne à la perfection Naja, ce méchant qui ne se remet pas d’un traumatisme d’enfance et qui, d’une certaine manière, n’a pas su grandir. On sait qu’il n’y a pas de bon film sans un bon méchant… Cette crainte est écartée.
On a longtemps pensé, à tort, qu’un univers super-héroïque ne trouverait pas sa place en France. Pas dans le vieux monde, où l’histoire et une culture classique sont ancrées si profondément.
Le réalisateur Douglas Attal parvient à insérer ses super-héros dans un Paris contemporain où rien n’a changé. Les supers font juste partie du quotidien. Et finalement, voir des personnes métamorphosées en lance-flammes dans un décor parisien ne dépareille pas.
Un blockbuster à la française
"Blockbuster". Cet anglicisme, presque considéré comme un gros mot dans certains cercles, s’applique pourtant ici parfaitement bien. Cette superproduction ne s’affiche pas tant dans son budget – 12 millions d’euros, c’est assez modeste pour un film de cette catégorie – que dans son ambition.
Sans en faire trop, Comment je suis devenu super-héros prend la forme plus classique du polar. Un choix habile. La poursuite de l’enquête permet de mieux tenir le rythme avec quelques éclats çà et là. Le film évite ainsi la boursouflure des rebondissements à gogo qui accouchent d’une coquille vide.
On peut reprocher à Comment je suis devenu (version raccourcie pour les intimes) ses trames classiques et déjà vues. C’est le passage obligé pour introduire cet univers dans nos décors. Amener quelque chose de familier et peut-être un peu convenu n’a rien de déshonorable. Douglas Attal réussit le principal : nous prouver que c’est possible.