Diffusée chaque lundi à 21h05 sur Canal+, la saison 2 d'Hippocrate aborde le malaise des soignants dans l'hôpital public. Locaux inadaptés, soignants sous pression, manque de moyens et de personnels, et au milieu de tout ce marasme, les internes en souffrance, conduits à mal faire leur travail pour essayer de tenir la cadence.
Nouvelle recrue récurrente de cette saison, Théo Navarro-Mussy interprète Igor Jurozak, jeune recrue au service des urgences qui travaille sous la direction du docteur Brun (Bouli Lanners). A la suite d'une garde de près de 72 heures sans pause, Igor oublie le suivi d'une de ses patientes, retrouvée inanimée par Arben (Karim Leklou) dans un recoin de l'hôpital, victime d'un AVC.
Pour Igor, la déconvenue est totale : épuisé psychologiquement et physiquement, il est incapable de se souvenir d'avoir pris en charge cette patiente, au point de l'abandonner dans une salle des urgences pendant des heures. Au-delà du ressort dramatique nécessaire à la tension de la série, ce phénomène est-il plausible dans la réalité ?
A l'occasion de l'émission Spotlight du podcast d'Allociné, Thomas Lilti est revenu sur la trajectoire du personnage d'Igor, en tant que dommage collatéral de la saturation des urgences. "En effet, le black-out est quelque chose qui est décrit, et qui est en général très mauvais signe. C'est un signe de santé mentale assez délétère."
L'envie de départ sur cette saison 2, c'était d'avoir, après la thématique de l'erreur médicale en saison 1, celle du mal-être des soignants. Qu'est-ce que c'est de souffrir au travail ? Ca n'a pas de sens, et surtout quand on fait un métier de soin ! On fait un métier où l'on soigne les autres, et nous-mêmes on souffre. La réponse dans cette saison est de dire : souffrir au travail, c'est ne pas pouvoir bien faire son travail.
C'est suite à ce constat qu'est né le personnage d'Igor, que les scénaristes ont fait grandir depuis la saison 1 où il était un simple figurant. "Igor, c'est un super interne, bon vivant, bien dans ses baskets à priori, extrêmement volontaire, et qui a surtout ces deux points communs qu'on retrouve chez beaucoup de soignants : l'envie de bien faire son travail, et la peur de décevoir la hiérarchie en tant que jeune médecin", précise le showrunner. "Et ça, c'est quelque chose qui va le faire énormément souffrir. La fatigue, le doute, la perte de confiance, l'impression de ne plus y arriver peuvent conduire à ce fameux black out."
Si Thomas Lilti n'en a pas fait l'expérience lui-même, il a pu sentir ce phénomène chez certains de ses collègues lorsqu'il exerçait la médecine, et s'est inspiré d'événements similaires pour construire cette saison 2.
"Ce sont des choses qui arrivent, et quand on est à l'hôpital, notamment dans le service des urgences, oublier qu'on a vu un patient et donc potentiellement oublier ce patient puisqu'on ne se souvient plus de lui, ça a des conséquences dramatiques."
Et ce chaque année, dans tous les services d'urgences, selon le réalisateur et auteur du livre Le Serment. "Depuis quelques années notamment, ça arrive de plus en plus souvent qu'on oublie un patient, qu'on le retrouve dans un coin, soit inanimé ou en mauvais état, soit mort."
Loin de tout sensationnalisme, le personnage d'Igor reflète un mal-être grandissant chez les soignants et en particulier chez les étudiants en médecine, d'une actualité plus accrue que jamais un an après le début de la crise sanitaire. Ou comment un système constamment mis sous tension finit par user et détruire ses propres rouages.
Hippocrate saison 2, chaque lundi à 21h05 sur Canal+ et en intégralité sur myCANAL