Avant d'être adapté au cinéma par Jacques Doillon (1975) puis Christian Duguay, Un sac de billes était un roman de Joseph Joffo, publié en 1973. Il suit la fuite de deux frères juifs dans la France occupée par l'armée allemande entre 1941 et 1944.
LE DÉCOR DE LA DISCORDE
Pour coller au plus près de la réalité de l'époque, la production du film avec Patrick Bruel a installé une immense bannière ornée de la Croix Gammée sur le Palais préfectoral de la ville de Nice.
Ce décor a été choisi pour représenter l'Hôtel Excelsior, réquisitionné par les nazis pour y accueillir le QG de la section anti-juive.
Evidemment, la ville de Nice avait anticipé, informant les citoyens quelques jours plus tôt, notamment à travers des messages sur les réseaux sociaux.
LES HABITANTS DÉCONCERTÉS
Au moment du tournage, en 2015, le directeur du cabinet du préfet, François-Xavier Lauch, a dû s'expliquer au micro de Nice matin :
"Nous avions pris les devants et toutes les précautions avant ce tournage. La ville de Nice a été prévenue, nous avons alerté la population via un post sur notre page Facebook. Nous avons appelé la communauté israélite de Nice pour bien expliquer la situation."
L'installation du tristement célèbre symbole nazi n'a pas manqué de susciter l'interrogation parmi les habitants, circonspects. Des passants ont toutefois pris cela avec humour, comme ces touristes allemands interrogés par challenges.fr : "J'ai envoyé les photos à mes amis en Allemagne, ils ont répondu nous sommes de retour !".
D'autres Niçois étaient plutôt étonnés : "Les gens ne savaient pas s'il s'agissait d'un canular, d'un tournage de film, d'une provocation... Alors, dès l'apparition sur le toit des deux hommes chargés de dérouler le drapeau, la foule s'est mise à crier sur eux. En plein marché des antiquaires, la scène a évidemment suscité beaucoup d'émotion", se souvient un témoin, cité dans le quotidien local.
LE PRÉCÉDENT LUCIE AUBRAC
Cet événement n'est pas un phénomène isolé. Il y a 24 ans, en 1997, Lyon a accueilli le tournage de Lucie Aubrac, drame réalisé par Claude Berri, consacré à la célèbre résistante.
Les rues et les places ont ainsi été recouvertes de drapeaux nazis, provoquant un certain choc chez les Lyonnais.
MICHAEL BAY INCRIMINÉ ?
Une autre polémique du même ordre est née autour du tournage de Transformers The Last Knight de Michael Bay. Pour mettre en scène ce récit qui traverse les époques, le réalisateur est très ambitieux. Pour les besoins d'une séquence se déroulant dans le passé, le roi de l'explosion loue le château de Blenheim en Angleterre.
Connu pour être le lieu de naissance de Sir Winston Churchill en 1874, cet endroit est très important aux yeux des Britanniques. Pour mettre en boîte la scène, Michael Bay et son équipe ont orné l'édifice de drapeaux nazis.
Des véhicules du IIIème Reich et des acteurs habillés en soldats SS étaient aussi présents pour tourner cette séquence se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette appropriation de la demeure qui a vu naître l'ancien Premier Ministre anglais n'a pas plu du tout aux Britanniques, qui ont pris cela comme un grave manque de respect envers ce héros de la nation.
Le château, recouvert de gigantesques croix gammées, a suscité une vive émotion outre-Manche. Le palais a non seulement vu naître "le Vieux Lion" qui s'est opposé à Hitler, mais il est aussi un symbole emblématique de la culture britannique depuis le 18ème siècle. C'est pour cela que les vétérans ont notamment tapé du poing sur la table.
Ces derniers ont vivement manifesté leur mécontentement de voir ce bijou de la Couronne défiguré par une iconographie nazie. Des associations ont également dénoncé un "manque de respect symbolique envers l’illustre Premier Ministre britannique."
"Les gens n'ont pas eu la chance de lire notre scénario, et ne savent pas que Churchill dans ce film est un grand héros. Il en sourirait. Lorsque vous verrez le film, vous comprendrez. Personnellement, j'ai tourné avec plus de vétérans et militaires actifs hommes ou femmes que n'importe quel réalisateur. Vous pouvez vérifier. Je ne ferais rien qui puisse manquer de respect aux vétérans", s'est défendu Michael Bay à la BBC.