DE QUOI ÇA PARLE ?
L'ascension d'une jeune et idéaliste demoiselle de 16 ans qui arrive en Russie pour un mariage arrangé avec l'imprévisible Empereur Pierre III. Rêvant d'amour et de douceur de vivre, Catherine II est confrontée dès lors à un monde dangereux, dépravé et barbare. Déterminée à changer les choses, il ne lui reste qu'à tuer son mari, contrer l’église, dérouter les militaires et rallier la Cour à sa cause.
La série The Great est disponible sur Starzplay, désormais accessible via myCANAL et CANAL+SERIES. Épisodes vus : 10/10.
ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?
Après avoir cosigné le scénario de La Favorite, un film d’époque moderne de Yórgos Lánthimos porté par l'excellent trio Olivia Colman-Rachel Weisz-Emma Stone, Tony McNamara continue dans sa lancée en créant The Great, une mini-série en costume de la même trempe. Comme son sous-titre "une histoire occasionnellement vraie" l’indique, le show fait fi délibérément des exactitudes historiques et ce parti pris permet de nombreuses libertés scénaristiques pour un résultat plus que jouissif. The Great retrace avec beaucoup d’humour et d’ironie l’ascension fulgurante de la Grande Catherine, l'impératrice au règne le plus long dans toute l’histoire de la Russie. Elle Fanning incarne cette aristocrate fébrile, naïve et douce à ses débuts qui va vite s’endurcir et s’avérer impitoyable et coriace au contact de la monarchie russe dépravée, dépeinte ici de manière caricaturale mais extrêmement drôle.
Car toute la force de The Great réside dans son humour, la série usant et abusant de la satire pour mieux faire émerger le portrait d’une femme puissante, cultivée, féministe et ambitieuse. Face à elle, on retrouve l’empereur Pierre III, campé par un Nicholas Hoult en très grande forme. L’acteur britannique est aussi détestable qu’hilarant dans son interprétation brillante et exaltante de ce piètre souverain. On sent que l’acteur britannique a pris grand plaisir à l’incarner et son enthousiasme est très communicatif. Le reste du casting est très solide, qu’il fasse partie de la Cour hermétique à l’impératrice en devenir ou qu’il soit membre de son groupuscule en faveur de sa révolution.
La théâtralité et le tragicomique de The Great fonctionnent à merveille puisque Tony McNamara adapte ici sa pièce en série en gardant toutes les qualités de son oeuvre d’origine. Les dialogues sont savoureux et savamment dosés pour que chaque personnage puisse avoir ses moments de fulgurances dans cette série où fusent une multitude d’échanges piquants et des joutes verbales très bien écrites. La mise en scène est également très soignée,- avec certains plans quasi picturaux splendides -, et n’est pas sans rappeler certaines séquences de Marie Antoinette, autre portrait de femme souveraine révoltée contre les normes et les carcans de son époque. The Great est aussi très graphique et très crue surtout en ce qui concerne les scènes de sexe, les séquences violentes et dérangeantes, une réalisation qui n’est pas sans rappeler celle des Tudors.
Certaines intrigues politiques sont parfois brouillonnes et s’éparpillent mais elles n’empêchent pas de se prendre de passion pour le complot de Catherine et ses fidèles qui vise à renverser Pierre. The Great dresse un portrait inspirant, moderne et résolument féministe des jeunes années de règne de cette grande Catherine, tiraillée entre une révolution pacifiste qui passe par la manipulation des mots et un putsch violent pour tuer son époux malsain. On assiste à une véritable montée en puissance de cette femme transcendante qui va révolutionner la monarchie russe malgré quelques longueurs étalées sur dix épisodes d’une heure chacun. On lui souhaite d'obtenir une saison 2 tant le final laisse sur sa faim mais la saison inaugurale de The Great est déjà une réussite qui revisite avec brio, beaucoup d'humour et d'excentricité les débuts de Catherine II face à laquelle on ne peut que crier "Huzzah !", comme le dit si bien Pierre pour célébrer ses victoires.