Après le triomphe d'Une journée en enfer de John McTiernan en 1995, le monde s'attend logiquement à revoir très vite le lieutenant John McClane au cinéma. Il faudra pourtant attendre 12 longues années avant de retrouver le superflic de New York au cinéma dans Die Hard 4 - Retour en enfer.
LES PRÉMICES DE RETOUR EN ENFER
Comme lors des volets précédents, élaborer le bon scénario a été un casse-tête pour le studio Twentieth Century Fox. Pour comprendre comment est né Retour en enfer, il faut retourner en 1997. Cette année-là, le magazine Wired publie un article intitulé A Farewell to Arms (Un Adieu aux armes). Dans ce papier, l'auteur John Carlin s'inquiète du futur de son pays avec l'avènement d'Internet et la généralisation de l'informatique.
Selon Carlin, les USA pourraient subir une attaque d'une ampleur catastrophique si Internet se généralise. Des cyber-terroristes pourraient en profiter pour infiltrer les infrastructures et bloquer le pays. La Fox prend connaissance de l'article de John Carlin et décide immédiatement d'en acquérir les droits, flairant l'histoire parfaite pour un thriller d'action.
Le studio engage alors David Marconi, scénariste spécialisé dans les nouvelles technologies. C'est lui qui a notamment signé le script d'Ennemi d'Etat avec Will Smith. L'auteur s'empare de l'article de Carlin et accouche d'un scénario nommé WW3.com. Fox mise beaucoup sur ce projet, censé concurrencer le World War III en préparation chez Columbia. À l'orée des années 2000, les studios hollywoodiens, dans toute leur mégalomanie, se battent pour être les premiers à réaliser un long-métrage dépeignant une Troisième Guerre mondiale.
LE 11 SEPTEMBRE FAIT TOUT BASCULER
Comme le soulignent Cédric Delelée et François Cau dans le Hors-série Mad Movies Classic Die Hard, une saga en enfer, un événement tragique va alors survenir et changer la face du monde : le 11 septembre 2001. Les attaques terroristes sur le World Trade Center traumatisent la Terre entière et les projets de films sur fond de terrorisme sont tous abandonnés. Ceux de Fox et Columbia sont donc rangés bien au fond d'un tiroir. Le temps passe... Quatre ans plus tard, la Fox songe à relancer la franchise Die Hard. Grisé par le succès de 24 heures chrono, le studio perd de sa frilosité à traiter du terrorisme.
Mark Bomback, réalisateur de Godsend et auteur du scénario de Constantine, est alors embauché pour adapter WW3.com de David Marconi à la sauce Die Hard. Doug Richardson, scénariste de Piège de cristal et 58 minutes pour vivre, révise ensuite le script à la demande de Bruce Willis. Finalement, Tom Rothman, grand manitou de 20th Century Fox, parvient à convaincre l'acteur de rester sur la version écrite par Bomback, plus efficace selon lui.
Le projet Live Free or Die Hard est officiellement lancé ! Très vite, les problèmes surviennent. Tout d'abord, le studio souhaite une classification PG-13 pour le film. Une grosse contrainte quand on sait que les trois épisodes précédents étaient classés R. Malgré tout, le tournage peut débuter en septembre 2006, sous la direction de Len Wiseman, remplaçant de John McTiernan.
Bien que le scénario de Mark Bomback ait éveillé l'intérêt de Bruce Willis pour ce quatrième épisode des aventures de John McClane, c'est l'adhésion de Len Wiseman au projet qui a décidé l'acteur à s'y engager. Il explique : "En voyant le thriller de Len, Underworld 2, j'avais été impressionné par la singularité de sa vision. Je suis complètement entré dans son film, j'ai littéralement été entraîné dedans. Le film ne se perdait jamais, c'était maîtrisé de bout en bout. Je sentais que Len pourrait apporter énormément à un nouveau Die Hard."
UN TOURNAGE CHAOTIQUE
Malgré l'enthousiasme de Bruce Willis, le tournage n'est pas de tout repos pour l'équipe. Les cascadeurs ne sont pas épargnés, notamment Larry Rippenkroeger, doublure de la star chauve. Ce dernier se blesse après une lourde chute de 7,5 mètres, heureusement sans gravité. Le tournage a tout de même dû s'arrêter quelques temps suite à cet incident. Willis lui-même a été blessé au visage lors d'une séquence entre lui et la cascadeuse qui double Maggie Q.
Le réalisateur de Clerks, Kevin Smith, grand geek devant l'éternel, tient le rôle du Sorcier dans Die Hard 4. Ce dernier a proposé à Bruce Willis d'écrire une scène importante impliquant le grand méchant du film, Thomas Gabriel (Timothy Olyphant). En effet, le comédien était agacé que cette séquence ne soit pas encore tournée à ce stade. De plus, il n'était pas pleinement satisfait de ce qu'il avait lu.
ON NE PLAISANTE PAS AVEC JOHN MCCLANE
Smith s'enferme dans sa loge et rédige la scène. Il doit toutefois faire face à quelques contraintes d'écriture car on ne s'amuse pas avec le personnage de John McClane. De plus, il n'est pas permis de tourner en dérision Bruce Willis comme Schwarzy a pu le faire dans Last Action Hero.
"Je suis très protecteur vis-à-vis du personnage de McClane", explique Bruce Willis. "Je suis conscient que la limite est ténue entre le fait de rire avec le personnage et le fait de rire de lui. Nous voulons que le public se sente proche du personnage, et le rire est un des moyens d'y parvenir."
L'artiste finit par être satisfait mais la Fox veut profiter de la présence de Kevin Smith pour ajouter une tonalité plus comique à certaines scènes. Refus catégorique de l'acteur qui veut rester sur du sérieux. Un bras de fer oppose alors le studio à Bruce Willis, qui finit par remporter cette manche en menaçant de quitter le plateau. Finalement, le tournage se termine tant bien que mal et le film est prêt pour une sortie en grande pompe en juillet 2007. L'oeuvre fera un meilleur score qu'Une journée en enfer au box-office. Elle remportera un beau succès avec 388 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à 110 millions.
YIPEE KAY, PAUVRE BRUCE
Cédric Delelée et François Cau font un constat amer dans le Hors-série Mad Movies Classic Die Hard, une saga en enfer : "Len Wiseman a beau avoir fait ses classes chez Roland Emmerich, l'emballage des séquences fait beaucoup plus penser à du Michael Bay en roue libre". Selon les auteurs, tout ce qui a fait le sel de la saga se perd dans un scénario bancal, porté par un Bruce Willis au bout du rouleau :
"Même quand il reprend l'un de ses gimmicks scénaristiques coutumiers, comme de se parler à lui-même pour maudire les circonstances en plein feu de l'action, le swing n'est plus là. Bruce Willis a changé et son incarnation de John McClane ne peut que souffrir des conséquences de son manque de motivation cruellement mis en relief par un scénario approximatif. Au revoir le héros malgré lui animé d'une vibe quasi suicidaire, bonjour le papy super-héros ronchon", déplorent-ils.
LES PETITS DETAILS DE RETOUR EN ENFER